Le président sud-africain Jacob Zuma a exclu lundi de se séparer dans l’immédiat de sa ministre de l’Education Angie Motshekga, alors que le manque de manuels scolaires dans les écoles de régions rurales continue de faire scandale.
« Virer un ministre, cela ne marche pas comme ça. (…) Sinon, on n’aurait pas de gouvernement qui fonctionne », a déclaré le président Zuma au cours d’une longue interview à la radio privée 702.
« On ne peut pas faire ça, sans vérifier ce qui s’est passer », a-t-il ajouté, alors qu’un remaniement ministériel devrait avoir lieu pour remplacer sa ministre de l’Intérieur et ex-femme Nkosazana Dlamini-Zuma, nommée à la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA).
« Même si en fin de compte c’est elle qui est responsable, il faut qu’elle trouve qui est vraiment responsable de la crise. (…) Le président doit soupeser ces faits et décider si c’est elle ou pas elle », a poursuivi M. Zuma à propos de sa ministre de l’Education.
« Si je virais chaque jour quelqu’un après un rapport, les gens diraient que je ne respecte pas la loi », s’est-il encore défendu, assurant qu’il « était faux de dire que le gouvernement n'(accordait) pas la priorité » à l’éducation.
« Nous sommes en train de résoudre le problème laissé par l’apartheid », a-t-il également argué.
Plus de 5.000 écoles rurales, soit environ 1,7 million d’élèves, n’ont pas de manuels scolaires depuis la rentrée scolaire de janvier, notamment au Limpopo (nord) où des parents ont fait condamner le gouvernement en justice en mai.
Le manque de manuels scolaires est la pointe émergée de l’iceberg: ailleurs ce sont les enseignants qui manquent ou sont absents, les toilettes qui ne fonctionnent pas. Et une photo dans la presse montrait dimanche des enfants portant leur chaise sur leur dos pour aller à l’école près de Port St Johns (sud-est).
L’éducation, aujourd’hui premier budget de l’Etat en Afrique du Sud, fut l’une des principales revendications contre l’apartheid qui a sacrifié des générations entières de Noirs sur les bancs d’une « école bantoue » de seconde zone.
La semaine dernière, l’archevêque Desmond Tutu, grand héros de la lutte anti-apartheid, a critiqué la semaine dernière l’état des écoles sud-africaines déclarant que si l’ancien président Nelson Mandela « savait ce qui se passe, il en pleurerait ».
AFP