Meles Zenawi, poids lourd parmi les dirigeants africains et acteur clé de la lutte contre l’extrémisme islamiste, était hospitalisé mercredi dans un état critique à Bruxelles, a appris l’AFP de sources diplomatiques, une information aussitôt démentie par le gouvernement éthiopien.
Le Premier ministre éthiopien « se trouve dans un état critique, le pronostic vital est engagé », a annoncé une des sources sous couvert d’anonymat. « Il est dans un état critique mais il n’est pas mort », a précisé une autre source. Ces informations ont été confirmées à l’AFP par une troisième source diplomatique.
A Addis Abeba, le porte-parole du gouvernement, Bereket Simon, a démenti. M. Meles « n’est pas dans un état critique. Il est en bonne santé », a-t-il assuré à l’AFP.
Il a été admis dans un des grands hôpitaux universitaires de Bruxelles « à titre privé », et son hospitalisation est couverte par le secret médical, a-t-on précisé de source diplomatique à Bruxelles. L’ambassade d’Ethiopie a déclaré à l’AFP n’avoir « aucune information » à ce sujet.
La disparition du Premier ministre éthiopien, âgé de 57 ans, aurait de sérieuses conséquences pour la région très instable de la Corne de l’Afrique, souligne-t-on de source diplomatique à Bruxelles. « Il a su imposer son autorité à ses voisins », et il est « un pôle de stabilité entre le Soudan, l’Erythrée et la Somalie », a-t-on expliqué.
Poids lourds parmi les dirigeants africains, M. Meles dirige l’Ethiopie depuis 1991. Il a fait de son pays, le deuxième le plus peuplé d’Afrique après le Nigeria, un allié-clé des Etats-Unis dans la lutte contre l’extrêmisme islamiste dans la Corne de l’Afrique.
Son armée est notamment intervenue deux fois en Somalie, en 2006 pour écraser le régime des tribunaux islamiques, et depuis novembre 2011 pour lutter contre les insurgés islamistes shebab.
Meles Zenawi entretient par ailleurs des relations très tendues avec le président de l’Erythrée voisine, Issaias Afeworki, ancien allié dans la lutte contre Mengistu, à l’époque où l’Erythrée était une province éthiopienne.
Un conflit frontalier très meurtrier a opposé les deux pays entre 1998 et 2000.
Né le 8 mai 1955 à Adoua (nord), Meles Zenawi a renversé en 1991 le régime du dictateur Mengistu Hailé Mariam après l’avoir combattu pendant 20 ans à la tête d’une guérilla.
Homme autoritaire et austère, il a d’abord occupé les fonctions de président de la République entre 1991 et 1995, avant le changement de Constitution qui a fait de l’Ethiopie un régime parlementaire.
Il est entré dans le club fermé des dirigeants africains en poste depuis plus de deux décennies grâce à une victoire écrasante aux élections de 2010.
Depuis plusieurs semaines, cet interlocuteur privilégié des Occidentaux dans la région n’est plus apparu en public et son absence, inédite, au dernier sommet de l’Union africaine, les 15 et 16 juillet à Addis Abeba, a été très remarquée.
L’épouse de M. Meles, Azeb Mesfin, avait éludé une question de l’AFP sur cette absence, alors qu’elle participait à une réunion des Premières dames africaines sur la lutte contre le sida, en marge du sommet de l’UA.
Interrogée en début de semaine sur une information selon laquelle M. Meles était hospitalisé en Belgique, l’ambassade d’Ethiopie à Bruxelles avait affirmé qu’elle était « fausse » et émanait « d’un groupe d’intérêt qui passe son temps à disséminer des histoires erronées de ce genre ».
AFP