Un homme a ouvert mardi le feu à l’arme lourde contre une école coranique de la ville de Jos, dans le centre du Nigeria, faisant au moins un mort, un garçon de dix ans, ont rapporté des responsables et des habitants.
De premières informations avaient fait état de l’explosion, apparemment d’une bombe, devant un bâtiment officiel. Mais des responsables et des habitants ont ensuite rapporté qu’un inconnu avait tiré directement sur l’école depuis le bâtiment à l’aide d’une arme lourde, sans doute un lance-roquette.
« Une école coranique était la cible de l’attaque », a dit Pam Ayuba, porte-parole du gouverneur de l’Etat du Plateau, dont Jos est la capitale.
Selon un porte-parole de la police locale, Emmanuel Abuh, « un garçon de 10 ans a été touché à la tête et est mort de ses blessures ». L’assaillant a tiré sur l’école, apparemment au lance-roquette, depuis la route Jero voisine de l’établissement. Il a pu prendre la fuite, a précisé M. Abuh.
Le porte-parole Pam Ayuba a précisé s’être rendu sur place avec l’armée et la police, qui ont confirmé que la victime était un jeune passant et non un élève de l’école prise pour cible.
Le porte-parole du gouverneur avait dans un premier temps déclaré qu’une explosion s’était produite, visant le Secrétariat du gouvernement local, dans le quartier de Kerana.
Un habitant du quartier a décrit l’attaquant comme un homme seul, « vêtu de rouge », et qui a tiré à l’arme lourde.
« Le projectile a dévié et touché le mur de l’école », tuant un jeune, a dit Murtala Abdullahi à l’AFP. Selon M. Ayuba et d’autres habitants, l’arme utilisée était un lance-roquettes. La police et l’armée n’ont pas précisé immédiatement le type d’arme.
L’attaque de l’école a eu lieu vers 10H30, a affirmé à l’AFP un porte-parole de l’armée Salihu Mustapha, ajoutant que la capacité des civils à se procurer une arme lourde comme un lance-roquette était inquiétante.
« C’est quelque chose qui doit nous préoccuper (…), ce n’est pas bon du tout », a-t-il déclaré.
La route de Jero –d’où a tiré l’assaillant– marque la séparation informelle entre quartiers chrétiens et quartiers musulmans du sud de Jos.
L’assaillant se serait échappé en passant par le quartier chrétien, selon un habitant, M. Abdullahi. Cette information n’a pas été confirmée par des sources officielles.
Après l’attaque, des bandes rivales ont monté des barricades dans les rues mais les militaires sont intervenus avant que des affrontements éclatent, a indiqué M. Mustapha.
L’attaque n’a pas été revendiquée mais M. Ayuba a affirmé qu' »il s’agissait d’un effort délibéré de détourner les forces de sécurité des opérations en cours ».
L’incident s’est déroulé à Kerana, un quartier majoritairement musulman de Jos où la population vit cependant largement à l’occidental. Il y a deux semaines, une bombe avait été découverte et désamorcée dans ce même quartier.
L’Etat du Plateau sonnait une forte tension entre les communautés chrétienne et musulmane, alimentées par des tensions religieuses et de traditionnels rivalités à propos de la terre. La région a également été le théâtre d’attaques du groupe islamiste Boko Haram.
La tension vient de croître avec l’annonce d’opérations militaires pour arrêter des éleveurs musulmans accusés d’avoir tué une centaine de chrétiens ce mois-ci. Des centaines d’habitants ont déjà pris la fuite en prévision de ces opérations.
Jos, à la jonction entre le nord musulman et le sud chrétien, est au centre ces dernières années de violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts.
AFP
