vendredi, mars 29, 2024
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L'élection de Mme Zuma soulage l'Union africaine mais laissera des traces

L'élection de Mme Zuma soulage l'Union africaine mais laissera des traces

L’Union africaine (UA) a réussi à doter sa Commission, organe-clé, d’un président, une élection qui permet à l’Afrique d’effacer le catastrophique échec de janvier et d’afficher une unité retrouvée, mais devrait laisser de profondes cicatrices, estiment lundi diplomates et experts.

La présidente élue de la Commission, la ministre sud-africaine de l’Intérieur Nkosazana Dlamini-Zuma, suivie des Commissaires de sa nouvelle équipe élus plus tôt dans la journée, a prêté serment dans la nuit de lundi, lors de la clôture du 19e sommet de l’UA.

L’élection de Mme Dlamini-Zuma est inédite à plusieurs titres. Pour la première fois, une femme accède à la présidence de la Commission, l’exécutif de l’UA, et pour la première fois le poste échoit à une grande puissance continentale, celles-ci s’abstenant jusqu’ici de postuler conformément à une loi non écrite.

L'élection de Mme Zuma soulage l'Union africaine mais laissera des traces

Enfin, autre première, la présidence de la Commission et sa vice-présidence, où a été réélu le Kényan Erastus Mwencha, sont toutes deux occupées par des anglophones.

Lors du précédent sommet, le président sortant, le Gabonais Jean Ping, n’avait pu réunir les 2/3 des suffrages requis au quatrième tour, où il était statutairement seul en lice après avoir devancé Mme Dlamini-Zuma au tour précédent.

Déjouant les pronostics, l’ex-épouse du président sud-africain Jacob Zuma a cette fois mené le scrutin de bout en bout et réuni la majorité qualifiée au 4e tour.

« Elle est sortie en tête au premier tour et a ensuite profité de l’élan. Les chefs d’Etat voulaient une décision », a expliqué à Addis Abeba Jakkie Cilliers, de l’Institut pour les Etudes de sécurité (ISS), à l’AFP.

L'élection de Mme Zuma soulage l'Union africaine mais laissera des traces

Le président en exercice de l’UA, le Béninois Thomas Boni Yayi, a salué une victoire de « l’Afrique toute entière ». Un succès qui laisse un goût amer à certains.

« On peut parler de victoire pour l’Afrique, parce que nous avons avancé », a expliqué lundi à l’AFP, à Addis Abeba, le vice-ministre kényan des Affaires étrangères Richard Onyonka, dont le pays soutenait la candidature de M. Ping, mais « pour nous, il s’agit d’une victoire aigre-douce ».

« Cette élection a créé une profonde division au sein de l’UA et ce n’était pas nécessaire », a ajouté M. Onyonka, « très gêné par les méthodes et le style de l’Afrique du Sud ».

« Ils avaient le droit de présenter un candidat (…) mais il y a eu trop d’intimidation, de torsions de bras et de menaces » de la part des Sud-Africains, afin de s’assurer la victoire, a-t-il dénoncé.

« Il y a quand même un soulagement » au sein de l’UA après l’élection, note un diplomate occidental ayant requis l’anonymat. Mais la campagne « très dure et offensive » menée par les candidats « va laisser des traces et des rancoeurs », surtout « si effectivement il y a eu des pressions de la part des Sud-Africains », a-t-il ajouté.

Il est trop tôt pour évaluer les conséquences sur l’UA de cette élection, note ce diplomate, alors que le scrutin semble avoir créé une scission entre petits et grands pays, et entre francophones et anglophones.

« Cela prendra du temps avant que nous mesurions les conséquences » de l’arrivée de Mme Dlamini-Zuma à la tête de la Commission, a confirmé M. Onyonka, qui s’interroge sur les intentions de l’Afrique du Sud.

« Pourquoi l’Afrique du Sud a-t-elle eu une attitude aussi acharnée envers cette élection? Quel est l’objectif de l’Afrique du Sud envers l’UA? (…) « Viennent-ils avec une stratégie consistant à contraindre les pays africains à exprimer la position sud-africaine? », a-t-il poursuivi.

Le vice-ministre s’est aussi demandé si l’ambition de Pretoria, déjà membre du G20, des Brics (groupe de puissances émergentes) et qui postule à l’éventuel futur siège permanent de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU, était africaine ou plus large.

Mme Dlamini-Zuma s’est crue lundi soir obligée devant la presse de « faire le serment de (sa) loyauté » à l’Afrique et d’assurer qu’elle travaillerait pour « l’intérêt du continent dans son ensemble ».

« Il y a des craintes sur une toute-puissance de l’Afrique du Sud », admet le diplomate occidental.

Son influence, notamment économique, sur le continent et le fait qu’elle ait fait fi de la règle non-écrite jusque-là respectée de la non-candidature des principales puissances continentales à la présidence de la Commission, font craindre que Pretoria n’utilise le poste pour imposer ses vues et servir ses intérêts.

« Les divisions guériront » et Mme Zuma « sera une présidente ouverte », assure M. Cilliers. Son élection a surtout apporté, selon lui, « de la clarté sur qui est aux commandes », après six mois de blocage. 

AFP 

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