Plus de 300 femmes ont manifesté lundi à Bamako pour réclamer la libération de leurs époux militaires détenus et la « vérité » sur ceux qui ont « disparu », a constaté un journaliste de l’AFP.
La marche a réuni dans le centre de Bamako des épouses et enfants des « Bérets rouges », une unité de l’armée malienne qui assurait la protection de l’ancien président malien, Amadou Toumani Touré, renversé le 22 mars par un coup d’Etat militaire.
« Libérez-les! », « Où sont-ils? », pouvait-on lire sur des pancartes des manifestantes encadrées sans incident par la police et la gendarmerie.
« Nous cherchons nos maris, nos enfants, nos frères », a affirmé Mariam Koné, se présentant comme l’épouse d’un lieutenant dont elle affirme être sans nouvelle depuis près de trois mois.
« Qu’on nous dise où sont les disparus. S’ils sont morts, qu’on nous informe (…) S’ils sont encore vivants, qu’on les montre », s’est écriée une jeune fille. Le nombre de soldats « détenus » ou « disparus » n’a jamais été communiqué.
« Bérets rouges et bérets verts (ex-putschistes) sont tous des soldats de notre armée nationale. Ils doivent dépasser ce qui les oppose, se pardonner, se donner la main et faire face au problème du nord » du Mali occupé et contrôlé depuis plus de trois mois par des groupes islamistes, dit Oumou Sangaré, l’une des manifestantes.
« Nous ne cherchons rien que la réconciliation (entre) nos maris pour faire face au problème du nord », a renchéri Djénéba Damba, présidente d’une association de femmes d’un camp militaire de Bamako.
Les putschistes dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo ont rendu le pouvoir le 6 avril, mais sont restés très influents à Bamako où ils ont procédé à l’arrestation de nombreuses personnes considérées comme des proches de l’ex-président, dont des militaires.
La presse malienne a rapporté des témoignages de membres de leurs familles sans nouvelles d’eux et des sites maliens d’information en ligne ont diffusé des vidéos montrant des images supposées de militaires arrêtés et torturés au camp militaire de Kati, près de Bamako, siège de l’ex-junte du capitaine Sanogo.
Le président Amadou Toumani Touré s’est réfugié le 20 avril au Sénégal après avoir été renversé, à cinq semaines de la présidentielle, par des militaires qui l’accusaient d’incurie dans la gestion de la rébellion touareg dans le nord du Mali. Mais le coup d’Etat a précipité la chute du Nord aux mains des islamistes.
Cette vaste région en majorité désertique, qui représente plus de la moitié du pays, est tombée fin mars sous la coupe des groupes armés islamistes Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), alliés d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi).
Ils ont commencé à y appliquer la charia (loi islamique) et en ont totalement évincé les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avec lesquels ils avaient lancé l’offensive en janvier.
AFP