La localité de Bunagana, poste frontalier avec l’Ouganda dans l’est de la République démocratique du Congo, est tombée vendredi aux mains des mutins du M23 après des combats contre l’armée congolaise, a-t-on appris auprès des rebelles et de source policière.
« Nous avons pris Bunagana vers 06H00 » (04H00 GMT), a affirmé à l’AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23 (Mouvement du 23 mars), dont les mutins se revendiquent. « Les mutins ont pris le contrôle de toute la localité. Toute la population ainsi que les militaires (congolais) sont en Ouganda », a déclaré à l’AFP une source policière sur place.
« C’est fini, la localité est occupée par les rebelles. Nous sommes tous entassés ici du coté ougandais », a relaté à l’AFP un habitant de Bunagana.
Les Forces armées congolaises (FARDC) avaient mené une offensive jeudi contre les mutins, mais ces derniers avaient affirmé avoir « repoussé » les forces loyalistes.
Bunagana se trouve à une dizaine de km au nord-est des positions des mutins, regroupés depuis mai sur plusieurs collines dans le sud-est du Parc national des Virunga, frontalier avec l’Ouganda et le Rwanda, à une cinquantaine de km à vol d’oiseau au nord de Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu. « Nous sommes en train d’évacuer la ville. Nous allons laisser la police du M23 sur place », a affirmé à l’AFP en fin de matinée le porte-parole des mutins.
Depuis mai, les mutins, issus de l’ex-rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), sont regroupés dans cette région et affrontent régulièrement les FARDC.
Les derniers affrontement avant ce jeudi et vendredi avaient eu lieu le 30 juin et n’avaient duré qu’une journée.
Les combattants du CNDP ont été intégrés dans l’armée dans le cadre d’un accord de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009, dont le M23 réclame la pleine application.
Un rapport d’experts de l’ONU a affirmé que les mutins étaient soutenus par des hauts responsables Rwandais, notamment le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, et le chef d’état-major des armées, le général Charles Kayonga, qui auraient apporté « une aide directe » à la création du M23, en fournissant aux mutins « des armes, du ravitaillement militaire et de nouvelles recrues ».
Kigali a toujours nié tout soutien à la mutinerie et rejeté ce rapport.
« Notre intention n’est pas de conquérir les espaces, moins encore de poursuivre la guerre (…) Nous ne demandons pas de nouvelles négociations, nous exigeons plutôt le respect des engagements pris par le gouvernement à travers l’accord du 23 mars 2012 », a déclaré vendredi le M23 dans un communiqué.
Ce regain de violences dans l’est de la RDC a fait plus de 200.000 déplacés et plus de 30.000 réfugiés au Rwanda et en Ouganda.
La Mission de l’ONU en RDC (Monusco) avait renforcé ses positions ces dernières semaines à Bunagana pour remplir son mandat de protection des civils. Ni le porte-parole civil, ni le porte-parole militaire de la Monusco n’étaient joignables vendredi matin.
AFP