En Afrique de l’Ouest, les modèles climatiques peinent à s’accorder sur le niveau de température ou les changements à attendre à l’avenir dans les précipitations: une observation particulièrement poussée des nuages au-dessus de la zone devrait permettre de réduire l’incertitude.
« Les nuages, ce n’est pas seulement des gouttes d’eau ou des cristaux en suspension, ce sont de gros perturbateurs du bilan de rayonnement (solaire), d’où l’importance de pouvoir bien les simuler dans les modèles », a expliqué jeudi à l’AFP Dominique Bouniol, une spécialiste des nuages qui a piloté un programme d’observation dans cette région.
Des mesures effectuées pendant une année (en 2006) à Niamey, au Niger, et présentées cette semaine à Toulouse lors d’une conférence internationale sur le changement climatique en Afrique, permettent désormais de mieux « documenter ce qui se passe au-dessus du Sahara à 5-6 kilomètres d’altitude », a-t-elle souligné.
« Avec les données qu’on a désormais, on sait sans ambiguïté qu’on a des nuages à cette altitude et qui se produisent souvent », a ajouté cette spécialiste de la physique des nuages.
Ces observations ont permis à des chercheurs du CNRS et de Météo France, ainsi que de l’université britannique de Reading d’élaborer « la base de données la plus précise à ce jour sur la nébulosité en Afrique de l’Ouest », selon Météo France.
Dans cette zone, où peu de mesures météorologiques existent, les chercheurs ont couplé des observations satellite et des relevés au sol (température, humidité, rayonnement…). Ils ont établi des « profils verticaux » permettant de mieux connaître les types, la fréquence et l’impact des nuages sur la diffusion du rayonnement solaire.
Les nuages ont un rôle important sur la quantité de chaleur et de rayonnement qui atteint la Terre ou s’en échappe, mais ce rôle est encore difficile à représenter fidèlement dans les modèles qui, pour cette région en particulier, peinent à s’accorder sur le climat à attendre dans les décennies à venir.
Les climatologues estiment ainsi que le réchauffement pourrait y atteindre 4 à 4,8°C, mais avec des variations importantes selon les modèles, rappelle le climatologue Hervé Douville.
Pour les pluies, question cruciale pour la région, il n’y a « pas de consensus » non plus, souligne-t-il.
Au sujet des précipitations, « ce qui domine, c’est le caractère très incertain de ces projections », note-t-il. « Le seul petit consensus, ce serait un assèchement relatif sur la partie ouest du Sahel et une petite augmentation ailleurs… », précise-t-il.
AFP