Trois nouveaux billets sont mis en circulation depuis lundi dans les principales villes de la République démocratique du Congo (RDC) afin d’alléger les transactions et de lutter contre la dollarisation de l’économie nationale.
« Il n’y a pas de cérémonie en tant que telle, mais les banques commerciales peuvent s’approvisionner avec les nouvelles coupures » de 1.000, 5.000 et 10.000 francs congolais (CDF), a déclaré à l’AFP Honoré Mulangu, chargé de communication à la Banque centrale du Congo.
« Aujourd’hui, si quelqu’un passe auprès de son banquier, il peut avoir les nouveaux billets », qui sont émis dans « tous les chefs-lieux » des onze provinces de l’ancienne colonie belge, avant d’être injectés vers les autres centres urbains et ruraux, a-t-il ajouté.
La réforme fiduciaire « réduira les coûts pour les agents économiques » et rendra aussi « plus commode le dénouement des transactions, notamment celles de grandes valeurs », qui nécéssitent actuellement le transport d’importantes liasses de billets.
En cause, la forte chute du CDF par rapport au dollar américain (USD). Désormais, le billet de 100 CDF « ne vaut que 0,1 USD » et celui de 500 CDF – le plus gros du pays jusqu’à présent – « ne représente que 0,6 USD », a expliqué début juin dans un discours Jean-Claude Masangu, gouverneur de la Banque centrale du Congo.
Le billet vert (le dollar) reste donc la référence, « à concurrence de 89% », a-t-il souligné, précisant que la réforme doit lutter « contre la dollarisation » en encourageant l’usage du franc, « non pas comme une monnaie divisionnaire des devises, mais comme un instrument de paiement stable, fiable et sûr ».
Avant les coupures de 1.000, 5.000 et 10.000 CDF, le pays disposait de billets de 50, 100, 200 et 500 CDF.
« En adoptant des billets à valeur faciale plus élevée, j’ai peur qu’on perde en circulation les billets de 50, de 100 et peut-être de 200 francs », a déclaré à l’AFP Christophe Tshibumbu wa Katanda, président du Collectif des défenseurs des consommateurs de la RDC.
« Il y a un risque d’inflation si les petites coupures disparaissent », a renchéri Jonas Tshiombela, président de l’ONG Nouvelle société civile congolaise.
Jean-Claude Masangu a affirmé que la sortie des nouvelles coupures sera notamment accompagnée par l’émission de coupures de 50 et 100 CDF, et rassuré que les « réserves de change s’élèvent à USD 1.424,0 million, soit 8,06 semaines d’importation de biens et services à la date du 06 juin 2012 ».
Cette réserve permettra à la Banque centrale d' »intervenir en masse sur le marché de change en cas d’une quelconque perturbation pendant et/ou après le lancement des nouvelles coupures », a-t-il affirmé.
Afin d’éviter toute confusion, le gouvernement a pour sa part prolongé jusqu’à fin septembre la suspension de la perception de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les produits de première nécessité (blé, farine de froment produite localement, pain, alimentation pour enfants…).
AFP