Quatre humanitaires enlevés la semaine dernière dans un camp de réfugiés de Dadaab, dans l’est du Kenya près de la Somalie, ont été libérés dans le sud de la Somalie dans la nuit de dimanche à lundi lors d’une opération militaire somali-kényane et ont rejoint la capitale kényane.
« Nous sommes heureux d’être en vie, nous sommes heureux que tout cela soit fini », a déclaré l’une des ex-otages, Qurat Ul-Ain Sadazai, une Pakistano-canadienne de 38 ans, à leur arrivée à l’aéroport Wilson de Nairobi.
Les autres ex-otages, un Philippin de 40 ans, Glenn Costes, un Canadien de 37 ans, Steven Dennis, et une Norvégienne de 33 ans, Astrid Sehl, n’ont fait aucune déclaration. Tous, les vêtements recouverts de poussière, avaient l’air fatigués et ont rapidement quitté l’aéroport.
Les quatre humanitaires avaient été enlevés vendredi dans l’attaque d’un convoi du Norwegian Refugee Council (NRC) pour lequel ils travaillent. Un chauffeur kényan, identifié par le NRC comme Abdi Ali, a été tué dans l’incident.
« Deux autres employés locaux sont actuellement soignés à l’hôpital pour des blessures reçues lors de l’incident », a précisé lundi le NRC.
Un peu plus tôt lundi, un porte-parole de la police kényane, Cyrus Oguna avait indiqué que les ex-otages étaient « épuisés ». « Ils ont marché longtemps et ont des ampoules, et l’un des travailleurs humanitaires a été blessé par balle à la jambe, mais à part ça, ils sont en bonne santé, » avait-il poursuivi.
Le Philippin Glenn Costes a été blessé par balle, à la cuisse gauche, sans qu’on sache si cela s’est produit lors de son enlèvement ou de sa libération.
Les otages « ont été libérés lors d’une opération commune des forces kényanes et somaliennes au cours de laquelle l’un des ravisseurs a été tué », a précisé M. Oguna. L’armée kényane intervient dans le sud somalien depuis fin 2011 pour tenter d’en déloger les insurgés islamistes shebab.
Les militaires ont arrêté « les ravisseurs qui essayaient de se cacher et de (leur) échapper, » a renchéri un commandant de l’armée somalienne, Mohamed Dini Adan.
Les forces somaliennes avaient obtenu des informations selon lesquelles les ravisseurs se dirigeaient vers une forêt située à quelque 25 km d’une localité du sud de la Somalie appelée Dhobley. Elles s’étaient alors lancées à leur poursuite.
Deux employées de MSF toujours otages
« Grâce à Dieu, nous avons déjoué leurs plans d’emmener les otages dans la forêt, » a commenté le général somalien Osmail Sahardid, qui a mené l’opération. Selon lui, trois ravisseurs ont été capturés. Leur identité n’a pas été précisée.
Des habitants de Dhobley ont de leur côté affirmé que la milice somalienne Ras Kamboni, dirigée par un puissant seigneur de guerre islamiste désormais allié au Kenya, avait également participé à l’opération de libération.
Dadaab -plus grand complexe de camps de réfugiés au monde- est proche de la frontière somalienne et peuplé essentiellement de réfugiés somaliens qui fuient depuis plus de 20 ans une violence permanente et des sécheresses chroniques.
Les camps, qui abritaient en mai quelque 465.000 personnes, ont été le théâtre ces derniers mois d’une série d’attaques non revendiquées, obligeant la plupart des organisations humanitaires à restreindre leurs activités et à se déplacer sous escorte.
En octobre dernier, deux employées espagnoles de Médecins sans frontières (MSF) avaient été enlevées à Dadaab, avant d’être emmenées en Somalie voisine où elles sont, elles, toujours retenues en otage.
Cet enlèvement avait été l’un des éléments déclencheurs de l’intervention militaire kényane dans le sud somalien contre les shebab, un groupe récemment intégré à Al-Qaïda que Nairobi tient pour responsable d’une série d’attaques sur son sol et qui a depuis menacé plusieurs fois le pays de représailles.
Pris dans l’étau d’une offensive militaire régionale — des troupes kényanes mais aussi éthiopiennes et une force de l’Union africaine interv
iennent en soutien de l’embryon d’armée somalienne — les shebab ont été affaiblis ces derniers mois. Mais ils contrôlent encore de larges parts du centre et du sud du pays.
AFP