Le ministre tunisien chargé de la réforme administrative, Mohamed Abbou, a annoncé samedi sa démission, estimant ne pas disposer des moyens nécessaires pour exercer ses prérogatives dans la lutte de la corruption administrative.
« Les accords conclus avec le gouvernement concernant mes prérogatives n’ont pas été respectés, donc j’ai décidé de rester chez moi », a précisé M. Abbou sur les ondes de la radio privée tunisienne Mosaïque.
« J’ai tenté durant toute la période précédente de convaincre le chef du gouvernement Hamadi Jebali que, sans ces prérogatives, je ne peux pas travailler », a-t-il encore ajouté, précisant qu’il « ne retournera plus au gouvernement ».
« Après avoir présenté ma démission au chef du gouvernement le 24 mai, ce dernier m’a convoqué une semaine après pour me dire que je vais bénéficier des prérogatives qu’il faut dans ma mission. Il faut dire que le chef du gouvernement ne m’a rien donné par écrit. Et les dossiers de la corruption dans l’administration sont d’une rare ampleur et les corrompus sont toujours là, actifs », a souligné M. Abbou.
L’agence officielle TAP a confirmé aussi que les raisons de la démission de M. Abbou, également secrétaire général du parti politique le Congrès pour la République, un partenaire d’Ennahda, mouvement islamiste au pouvoir, « sont liées à une controverse relative à ses prérogatives ».
Cet avocat et défenseur des droits de l?homme est le fondateur de l?Association internationale de soutien aux Prisonniers Politiques (Aispp), membre du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (Cnlt).
Il a connu les geôles du président déchu Ben Ali durant deux ans et demi pour « la publication d?écrits de nature à troubler l?ordre public », avant d’être libéré en 2007 à la suite d’une grâce présidentielle.
La démission de M. Abbou intervient dans un contexte de crise politique entre le gouvernement et la présidence après l’extradition de l’ex Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi.
AFP