Barack Obama s’en est pris vendredi à son rival à la présidentielle Mitt Romney, le traitant de « pionnier des délocalisations » lorsque ce dernier était à la tête d’un fonds d’investissement.
Lors d’un meeting de campagne en Floride (sud-est), le président américain a mis à profit un article incendiaire du Washington Post publié le matin même sur le fonds Bain Capital, autrefois dirigé par Mitt Romney, pour attaquer son adversaire républicain.
« Permettez-moi de vous dire que nous n’avons que faire d’un pionnier des délocalisations dans le Bureau ovale », a-t-il lancé.
« Il nous faut un président qui se battra pour les emplois américains et pour l’industrie américaine. C’est à cela que sert mon programme, c’est la raison pour laquelle je suis candidat à un second mandat », a-t-il continué.
Documents officiels à l’appui, l’enquête du Washington Post indique que Bain Capital, fondé et présidé par M. Romney jusque dans les années 1990, a investi massivement dans des sociétés dont le coeur d’activité était la délocalisation d’emplois des Etats-Unis vers l’étranger.
« Bain n’était certes pas l’entreprise qui pesait le plus en termes de délocalisations, mais elle a commencé très tôt », relève le quotidien.
Ces révélations tombent mal pour le futur adversaire de Barack Obama à la présidentielle du 6 novembre. M. Romney bâtit en effet son message autour de la promesse de créations d’emplois, en mettant en avant l’expérience qu’il a accumulée lorsqu’il travaillait dans le privé.
L’équipe de campagne de M. Obama avait aussi réagi aux informations du quotidien, parlant d’une « hypocrisie stupéfiante » dont ferait preuve le candidat républicain.
Mitt Romney « fait campagne à travers les Etats-Unis, en assurant vouloir protéger et promouvoir l’emploi dans ce pays. Mais (…) nous venons d’apprendre qu’il a empoché une fortune en conseillant des entreprises sur la meilleure manière de délocaliser des emplois en Chine et en Inde », a expliqué dans un communiqué David Axelrod, principal stratège du président démocrate pour la campagne.
Les Américains doivent décider s’ils veulent d’un « délocalisateur en chef », a encore martelé M. Axelrod. Pour lui, l’article suggère que M. Romney était l’un des pionniers en matière de délocalisations d’emplois, ce qui contraste de façon flagrante avec la politique économique du président.
Dans son enquête, le journal souligne que Bain Capital, dirigé pendant 15 ans par M. Romney, a investi massivement dans des sociétés spécialisées dans la mise en place de centres d’appels à l’étranger.
Mais la porte-parole du candidat républicain, Andrea Saul, a assuré vendredi que cet article était « fondamentalement vicieux » car il ne fait pas la différence entre délocaliser (transférer des emplois à l’étranger) et faire appel à la sous-traitance.
« Mitt Romney a passé 25 ans dans le monde réel de l’économie, il comprend donc pourquoi les emplois arrivent et repartent. Comme président des Etats-Unis, il mettra en place une politique qui incitera davantage les entreprises à créer des emplois ici », a assuré Mme Saul.
M. Romney a à plusieurs reprises a accusé la Chine de voler de façon injuste des emplois aux Américains par sa politique économique.
AFP