Arrivés par milliers en France dans la foulée du printemps arabe en 2011, les ressortissants de Tunisie, d’Egypte, de Libye et de Syrie ont été peu nombreux à solliciter l’asile politique, même si la demande globale de protection a augmenté pendant cette période.
« Il y a eu des mouvements de migration qui ne se sont pas traduits par des demandes d’asile », a observé auprès de l’AFP un porte-parole de l’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) qui publie son rapport annuel.
« Les jeunes des pays arabes ont fui une situation transitoire », analyse encore l’Ofpra en observant qu’à l’inverse « la demande d’asile est une démarche de long terme ».
L’afflux de Tunisiens en France, via l’île italienne de Lampedusa, avait été tel qu’il avait provoqué des tensions entre Paris et Rome, qui leur avait délivré des visas de circulation. La France avait sollicité auprès de Bruxelles le rétablissement des contrôles à ses frontières pour stopper les arrivées.
En tout, sur un total de plus de 57.000 demandes déposées, l’Ofpra a reçu seulement 252 dossiers d’Egyptiens, 184 de Tunisiens, 100 de Libyens et 100 de Syriens.
Des profils différents
La demande en provenance de Tunisie « est essentiellement composée d’hommes jeunes déclarant fuir l’insécurité ou craindre des représailles en raison de la présence dans leur famille de personnes ayant travaillé pour l’ancien régime », selon le rapport annuel.
Pour l’Egypte, « le profil de la demande n’a pas évolué » malgré les bouleversements induits par la chute de l’ex-président Hosni Moubarak et la victoire des islamistes aux élections législatives.
« La majorité des demandeurs demeurent en effet des chrétiens coptes invoquant la radicalisation de la société et les pressions subies pour se convertir à l’islam ».
Dans le cas de la Libye, « la demande se compose essentiellement de jeunes hommes disant fuir la situation d’insécurité, sans invoquer d’engagement personnel, et de personnes d’origine africaine soupçonnées d’être des miliciens à la solde de l’ancien régime ».
Quant à la Syrie où plus 15.000 personnes ont été tuées depuis le début, la révolte contre Bachar al-Assad, « la demande baisse de 16,7%, alors qu’elle avait doublé chacune des deux années précédentes ». La demande globale d’asile a pourtant connu pour la quatrième année consécutive une hausse de 8,7% avec plus de 57.337 dossiers déposés contre 52.762 en 2010. Sur ce chiffre, 10.702 personnes ont obtenu le statut de réfugié politique. Le Bangladesh monte à la 1ère place Ce bilan place la France toujours au deuxième rang mondial des pays d’accueil après les Etats-Unis, mais en tête en Europe, devant l’Allemagne et la Suède. En 2011, le Bangladesh est passé de la deuxième à la première place des pays de provenance avec 3.500 demandes. « Toutefois, le rythme de progression de cette demande en 2011 (+13%) est largement inférieur à celui de l’année précédente (+123%) », remarque l’Ofpra. Autre fait majeur: la demande arménienne, troisième derrière celle de RDCongo, qui a enregistré un bon de 107%, après une baisse de 44% en En 2011, 38% des demandeurs d’asile venaient du continent africain, 28% d’Asie, 28% d’Europe et 6% des Amériques, selon l’Ofpra qui a observé que la part des femmes est en légère diminution passant de 34,7% en 2010 à 34,1% en 2011. Au total, 169.000 personnes étaient sous la protection de l’Ofpra fin 2011. |
AFP |