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Soudan: l'énonomie exsangue

Soudan: l'énonomie exsangue

Confronté à la perte des trois quarts de ses revenus pétroliers depuis la sécession du Soudan du Sud en juillet 2011, le Soudan s’enfonce dans une crise économique majeure qui touche directement les plus pauvres à cause de la flambée des prix des produits alimentaires.

Dans son dernier rapport publié fin mai, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que le Soudan faisait face à des défis économiques « redoutables ».

Les rébellions dans les régions frontalières du sud, et surtout les combats d’avril à Heglig, principal champ pétrolier du pays, ont encore aggravé ces difficultés.

L’inflation a atteint officiellement 28% en avril et 30% en mai, mais certains économistes pensent que le vrai chiffre est en fait supérieur à 40%.

Les denrées alimentaires ne sont pas les plus touchées, mais leurs prix s’envolent aussi. Selon les commerçants, le prix du boeuf a ainsi plus que doublé en un an, et un plat de « foul », repas traditionnel à base de fèves, est passé durant la même période de 2 à 4 voire 5 livres soudanaises.

Sur un marché de Khartoum, Imam, une Soudanaise de 35 ans enceinte de son troisième enfant, raconte qu’elle doit se battre pour nourrir sa famille au quotidien.

« L’année dernière, nous achetions de la viande trois ou quatre fois par mois. Maintenant, j’en achète seulement une fois par mois, et parfois pas du tout. Dieu merci, je suis en bonne santé. Mais tout devient de plus en plus cher, je suis inquiète pour l’avenir », explique-t-elle.

Et la situation risque d’empirer: à court de liquidités, le gouvernement se prépare à abandonner son système de subventions aux carburants.

Des économistes et certains membres du Parti du congrès populaire au pouvoir ont mis en garde contre le coût social et politique d’une telle décision.

Soudan: l'énonomie exsangue

« De toute évidence, cela pèsera surtout sur les bas revenus et les pauvres », souligne Mohammed el-Jak, professeur d’économie à l’Université de Khartoum.

« Etat en banqueroute »

Sabit Joumaa, 50 ans, explique avoir supprimé tout ce qu’il pouvait déjà dans ses dépenses, notamment la viande: « Mais il y a des choses que vous ne pouvez pas ne pas acheter, comme les médicaments pour les enfants ou les fournitures scolaires ».

« Si le gouvernement supprime les subventions aux carburants, nous serons dans une situation difficile », ajoute cet employé d’une entreprise privée.

Même le ministre des Finances, s’exprimant devant le Parlement la semaine dernière, a admis qu’il s’agissait de la décision d’un « Etat en banqueroute ».

Pour réduire les dépenses, le gouvernement pourrait aussi supprimer un certain nombre de ministères, ou dissoudre les assemblées des Etats voire réduire le nombre d’Etats.

Safwat Fanous, professeur de politique à l’Université de Khartoum, souligne que les problèmes financiers rencontrés par le gouvernement viennent de son incapacité à diversifier son économie, totalement dépendante des revenus pétroliers depuis 10 ans.

« C’est une situation très grave (…). Il n’y a pas de substitut rapide et facile », explique-t-il, précisant que le gouvernement va devoir accentuer sa politique d’austérité, avec une réduction des dépenses et une augmentation des recettes publiques.

Mais une suppression des subventions aux carburants, même si « très nécessaire » d’un point de vue économique, sera « très dangereux » politiquement, note M. Fanous. « Beaucoup de membres du CNP sont inquiets que cette décision puisse faire descendre les gens dans les rues ».

« Cela va créer une sorte de chaos, avec des grèves et des pressions sur le gouvernement », estime lui aussi M. Jak

Samedi et dimanche, la police anti-émeute a empêché par la force des centaines d’étudiants de manifester contre la hausse des prix des produits alimentaires. 

AFP 

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