Mise à jour du 2 juin: L’ancien président français Nicolas Sarkozy et son épouse Carla ont
quitté le 2 juin le Maroc pour la France au terme d’une visite privée de 17 jours à Marrakech. Le couple avait entamé sa visite privée le 17 mai dans la ville ocre où une résidence avait été mise à leur disposition par le roi Mohammed VI. Lors de son séjour, l’ancien président avait régulièrement pratiqué son jogging dans la palmeraie ainsi que des séances de tennis au sein du Club royal tennis de Marrakech, un centre sportif privé du centre de la ville.
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La passation de pouvoir achevée entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, les Sarkozy vont d’abord partir en famille se reposer. «Carla et son époux vont souffler un peu, réfléchir à leur avenir mais aussi redécouvrir un autre rythme, sur un autre mode», souligne une source proche de l’ex-première dame de France. Carla Bruni-Sarkozy devrait également profiter de ce repos pour finaliser son prochain album, dont la sortie est annoncée pour l’automne prochain.
«Je vais m’occuper de ma fille», aurait confié l’ex-président à ses intimes. Selon un ami, il va prendre «trois mois de vacances» et préparer sa nouvelle vie professionnelle. Aucun détail officiel n’a filtré quant à la destination – la maison familiale des Bruni au Cap Nègre sur la Côte d’Azur ou l’étranger? Mais déjà des rumeurs persistantes circulent: l’ex-couple présidentiel et leur petite Giulia devraient se mettre au vert dans leur villa de maître de Marrakech acquise fin 2011.
Un «cadeau» tenu secret
A l’époque, la presse marocaine avait fait état d’une information, sans en livrer la source, qui laissait entendre que Nicolas Sarkozy avait reçu cette maison en cadeau. «Un superbe palais faisant partie du projet immobilier de luxe Amelkis à Marrakech, aurait été offert à un célèbre chef d’Etat européen», rapportait l’hebdomadaire Al Ousboue cité par Biladi.
Le «cadeau», entouré du plus grand secret, avait ainsi été dévoilé par des anonymes, mettant dans l’embarras de généreux donateurs, affirmait l’hebdomadaire marocain. Al Ousboue indiquait que c’est un riche homme d’affaires des Emirats arabes Unis qui avait offert cette luxueuse demeure à un «chef d’Etat européen à l’occasion de la naissance récente de son bébé».
La villa de près de 700 m2, construite dans une enclave VIP et ouvrant de plein pied sur l’un des plus beaux golfs de la ville, serait similaire à celle que s’étaient fait construire en 2004, sur le même site, Jean-Louis Borloo, ex-ministre de Sarkozy et son épouse, la journaliste de télévision Béatrice Schonberg. Elle fait partie d’un projet du groupe émirati Emaar (un temps associé au roi du Maroc sur le projet) où les demeures de ce standing sont commercialisées à partir de 700.000 euros.
Carla Bruni-Sarkozy l’avait probablement visité en décembre dernier dans la plus grande discrétion lorsqu’elle avait séjourné à Marrakech pour les fêtes de fin d’année.
Bottin mondain
On le sait, depuis quelques années, Marrakech est devenue l’un des lieux de résidence préféré des célébrités françaises. En dresser la liste, c’est retrouver ceux qui font l’actualité politique, la Une des magazines people, trustent les émissions de télévision ou sont au cœur du capitalisme à la française. Certains n’y voyagent qu’en oiseaux migrateurs. Ils prennent à Marrakech leur quartier d’hiver mais n’y possèdent pas de nid. Nicolas Sarkozy fut d’abord l’un d’eux. Lui et ses proches y avaient leur rituel de vacances de la Saint-Sylvestre.
En 2007, pour son premier déplacement au Maroc en tant que président, il avait débarqué à Marrakech. Durant son quinquennat, le roi Mohammed VI mettait souvent à sa disposition le Jnan Kebir (le grand jardin), le dernier né des palais du monarque alaouite, mélange d’architecture mauresque et de décoration africaine. Le couple Sarko-Carla était aussi l’invité de Mohammed VI au Royal Mansour – qui a aussi vu défiler Cécilia et son compagnon Richard Attias ainsi que Jacques et Bernadette Chirac.
Classé en 2011 parmi les hôtels «les plus extraordinaires du monde» par le Conde Nast Traveler, la Bible des voyageurs fortunés, le palace est en passe de détrôner la célébrissime Mamounia. Que vient chercher la tribu gauloise qui hante ces palaces de rêve et achête des riads au cœur de la médina et des villas de maître nichées dans les palmeraies? Un concentré de Marrakech-sur-Seine, autrement dit un club ultra sélect où les élites parisiennes se retrouvent entre elles.
Palais des 1001 ennuis
La tribu a ses pionniers qui ouvrirent la voie il y a vingt ou trente ans. Le couple Yves Saint-Laurent – Pierre Bergé était de ceux-là. Après un premier voyage à Marrakech en 1966, ils firent en 1974 l’acquisition d’une première maison, Dar Essaâda (la maison du bonheur en arabe), réplique en miniature de la célèbre villa Taylor où Churchill et Roosevelt avaient scellé le sort de l’Afrique du Nord en pleine Seconde Guerre Mondiale. Ils aimaient passer de longues heures dans les Jardins Majorelle, du nom de ce peintre tombé amoureux des couleurs chatoyantes de la cité.
Et, lorsqu’au début des années 80 un promoteur immobilier avait menacé de les raser, ils décident de faire oeuvre de sauvegarde, achètent le terrain, l’atelier et la maison du peintre. Rebaptisée Villa Oasis, la propriété est devenue un lieu mythique. C’est dans ses jardins aujourd’hui ouverts au public que les cendres d’YSL ont été dispersées.
Alain Delon et Mireille Darc aussi font figure de précurseurs dans cette «colonisation touristique» qui n’ose pas dire son nom. Avec ses zelliges flamboyants, ses murs intérieurs peints au tadelakt, ses fenêtres voilées par des moucharabiehs, le riad qu’ils s’offrirent était à vrai dire un palais, le palais de la Zahia – la joie de vivre en arabe. Situé à deux pas de la Mamounia, c’est une immense bâtisse que des Occidentaux cousus d’or se repassent lorsque l’ennui menace.
Paul Getty Junior l’homme le plus riche des Etats-Unis, disait-on à la fin de seconde guerre mondiale, l’avait achetée en 1968 et en avait fait un bijou architectural en préservant son style d’origine grâce au concours de l’architecte Bill Willis, qui y ajouta une piscine dans une cour-jardin à l’abri d’un haut mur. Il l’avait ensuite cédé à une comtesse française au sang bleu, née La Rochefoucauld, avant que le couple d’acteurs ne le rachète à son tour.
Un vaudeville très Paris-Marrakech
Puis est arrivé Bernard-Henri Lévy, qui a fait de ce riad, tout proche d’un des palais du roi Mohammed VI, un salon de la vie politique franco-française où se croisent ténors de droite et grandes consciences de gauche.
Les alcôves de son salon marocain et de sa vaste salle à manger, qui forment des niches rectangulaires coiffées de plafonds en cèdre décorés, résonnent encore de l’intrigue amoureuse qui a passionné le Tout-Paris il y a quelques années: c’est là que Carla Bruni, venue en escapade avec l’éditeur Jean-Paul Enthoven, brisa le couple Raphaël Enthoven, le fils de Jean-Paul, et de Justine Lévy, la fille de BHL. Un vaudeville très Paris-Marrakech qui inspira deux romans, ceux de Justine et de Jean-Paul.
Jusqu’à sa chute, Dominique Strauss-Kahn faisait partie du cénacle. Et pour cause: plus personne en France ni dans la médina n’ignore que le désormais paria de la politique française dispose lui aussi d’un riad à quelques pas de babouches de celui de BHL. Dispose, car il n’est pas le propriétaire de la luxueuse demeure. Elle appartient pour l’essentiel à son épouse, la journaliste Anne Sinclair, qui l’aurait achetée à Laura Gomez, ex-femme de Kyle Eastwood, le fils de Clint – pour près de 500.000 euros.
Kech, hypnotique «base arrière»
Malgré la crise, l’investissement s’est révélé judicieux: la bâtisse, est aujourd’hui évaluée au bas mot à 3 millions d’euros par les professionnels.
DSK n’est pas le seul à avoir sa «base arrière» à Marrakech. Il a entre autres voisins un éphémère secrétaire d’Etat de l’ère François Mitterrand, Thierry de Beaucé, qui exploite depuis des années, avec son compagnon brésilien, le riad Madani, une ancienne demeure du grand vizir Glaoui, transformée en maison d’hôte de luxe avec jardin de rêve et piscine en terrasse sur plus de trois mille mètres carrés.
Les patrons du CAC 40 ne sont pas en reste. Sans parler des stars du Show-biz comme Jamel Debbouze, heureux propriétaire d’une villa dans le quartier huppé de Targa. Exemple parmi d’autres, Jean-René Fourtou, qui fut le tombeur du «maitre du monde», Jean-Marie Messier, avant de prendre sa place à la tête du groupe Vivendi – lequel contrôle le principal opérateur téléphonique du pays, Maroc Telecom -, a également ses habitudes à Marrakech. Des habitudes d’homme très riche. Il possède depuis plus de dix ans une propriété, Dar El Sadaka (La maison de l’amitié), installée dans une ancienne oliveraie de 13 hectares aux allures de musée fantasmagorique. Fourtou, comme Alain Carignon, l’ancien maire de Grenoble, qui réside également à Marrakech, sont des proches de Sarkozy. Ils avaient même été pressentis pour jouer les sous-marins pour la campagne de l’ex-président…
C’est un fait: Marrakech hypnotise. La ville attire comme la lumière un papillon. Presque tout le gotha français y possède son palais des mille et une nuits, surtout lorsque les bords de Seine ne sont plus cléments.
Ali Amar