Les sujets britanniques –à l’exception d’un noyau d’irréductibles républicains– s’apprêtent à fêter massivement lors du week-end prolongé des 2 au 5 juin le jubilé de diamant d’Elizabeth II, au faîte de sa popularité à 86 ans.
« C’est l’occasion de célébrer le bilan de ses 60 ans de règne, de célébrer la monarchie (…) mais aussi, de façon plus informelle, notre identité et notre fierté nationales » a confié à l’AFP le chroniqueur royal Robert Jobson pour expliquer la fièvre jubilatoire.
De la capitale au plus petit hameau, le royaume est pavoisé aux couleurs de l’Union Jack pour un événement « assurément historique », dit-il. C’est la seconde fois seulement en 1.000 ans qu’un souverain anglais atteint pareille longévité sur le trône. La première, c’était en 1897, au temps de reine-impératrice Victoria. Des lanciers du Bengale et chameaux avaient défilé à Londres.
Popularité record
Experts royaux et médias font largement écho à l’impressionnante machine à communiquer du palais de Buckingham pour louer les mérites de celle qui incarne une continuité rassurante, et remplit une fonction unificatrice.
« La popularité de la reine est à son apogée, au niveau de ce qu’elle était lors de son couronnement » en 1953, époque où un Britannique sur trois la croyait de droit divin, observe l’historienne et biographe Kate Williams. Pour elle, le changement est « époustouflant » quand on songe au niveau d’impolarité atteint après la mort de Diana, divorcée du prince Charles et en délicatesse avec le palais, en 1997. « Un grand nombre de gens dans ce pays étaient soit indifférents, soient convaincus que les Windsor étaient sans objet et devraient être abolis ».
Fin mai, sa Majesté caracolait à 80% d’avis favorables dans les sondages. Du coup, les républicains déterminés à brandir quelques pancartes contre « l’institution antidémocratique » devant les caméras ce week-end, étaient relégués à 13%. Leur niveau le plus bas en 20 ans.
Les Windsor ont prouvé de façon éclatante leur savoir-faire en matière de renouveau dans la continuité il y a un peu plus d’un an, à l’occasion du mariage orchestré comme un conte de fée du prince William, deuxième dans l’ordre de succession, et de la roturière Kate Middleton.
Pas de retraite à l’horizon
Les célébrations du jubilé ont débuté sobrement le 6 février, date anniversaire de l’accession au trône d’Elizabeth, qui est aussi le jour de la mort de son père George VI, le roi bègue. Elles sont allés crescendo, depuis. La reine a sillonné l’Angleterre, le pays de Galles, l’Ecosse et l’Irlande du nord. Le plus souvent accompagnée du prince Philip, 90 ans, apparemment remis d’une alerte cardiaque.
Mais elle a laissé à ses enfants et petits enfants le soin de la représenter à l’étranger. Notamment dans les 54 pays du Commonwealth constitué après le démantèlement de l’Empire britannique.
Pour autant et malgré son âge, « il n’est pas question de retraite. Et pas question d’abdication » croit bon d’insister Jobson.
Programme à l’allure d’un péplum
Le premier week-end prolongé de juin a été mis en scène à la manière
d’un de ces péplums dont la monarchie britannique a le secret, à grand renfort de cavalcades et d’uniformes chamarrés.
Le samedi est dominé par le Derby d’Epsom qu’Elizabeth –qui monte toujours à cheval et posséder nombre de purs sangs- ne manquerait pour rien au monde.
Le dimanche, un millier d’embarcations hétéroclites –baleiniers, vapeurs, trois-mâts– descendront la Tamise dans le sillage de la barge royale où siègeront trois générations de Windsor. En une parade nautique sans précédent depuis trois siècles. Partout dans le pays, des millions de sujets pique-niqueront en l’honneur de Ma’am (pour Madame), ainsi qu’il est convenu d’appeler la reine.
Lundi, 10.000 invités tirés au sort goûteront « le poulet du couronnement » au palais de Buckingham avant un concert en présence d’une pléiade de pop-stars, de l’ex-Beatles Sir Paul McCartney à Kylie Minogue.
La journée du mardi 5, entamée par une messe d’action de grâces en la cathédrale Saint Paul suivie d’une défilé en carrosses, s’achèvera sous les vivats au balcon de Buckingham.