Il vit à Bamako depuis 37 ans, s’y sent bien, oeuvre au « brassage » des cultures et des communautés dans un Mali divisé: Mohammed Ag Ossad, Touareg originaire du Nord, ne comprend pas la rébellion en cours, ni la revendication d’indépendance d’une « minorité ». Jovial, cheveu noir et teint clair, ce technicien en commerce et gestion des entreprises, âgé de 55 ans, reçoit dans une case ronde remplie de meubles, d’objets, de tapis et de tissus touareg, construite dans la cour de la maison du centre culturel qu’il dirige à Bamako, « Tumast ».
Ce centre « pour la promotion et la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel touareg », créé en 2008, a pour but de « vulgariser la culture dans la diversité » du Mali, de créer un « brassage interculturel, intercommunautaire, pour se connaître mieux, car c’est le fondement de la paix », dit-il.
Concerts, expositions d’art et d’artisanat des différentes communautés du Mali, les Touareg bien sûr, mais aussi les Bambara, Peul, Dogon, Songhaï, Arabes, y étaient encore organisés il y a peu.
Mais « tout ça c’est fini » depuis la renaissance en janvier d’une rébellion indépendantiste touareg qui, avec des mouvements islamistes armés et divers groupes criminels, a pris le contrôle du nord du Mali. « Je suis devenu le gardien du temple, le centre est en stand-by, on ne fait plus qu’y prendre le thé », lâche Mohammed, amer.
Plus il parle de ces événements, plus il s’emporte, car il ne se reconnaît pas dans la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA): « nous n’avons rien à voir avec cette minorité. L’indépendance par rapport à quoi? Par rapport à qui? »
Marié à une Bambara du Sud, père de quatre enfants, il insiste: « c’est une minorité de Touareg qui est en train de faire la guerre. Dans les trois régions du Nord dont on parle, les Touareg sont très minoritaires » par rapport aux autres communautés arabe, songhaï, peul.
-Les pieds devant-
« Les Touareg fuient » le chaos du Nord, « ce sont les enfants et les vieillards qui paient les pots cassés, pas ceux qui ont les armes ». Et si les gens fuient, « c’est qu’ils ne se sentent pas concernés par le MNLA qui ne les protège pas », dit-il.
Les premières rébellions touareg des années 1990, rappelle-t-il, c’était pour « l’intégration, pas l’indépendance ». Et l’intégration est venue, selon lui: « les Touareg occupent de grands postes, il y a des ministres, des directeurs, des colonels dans l’armée ».
Il est angoissé pour l’avenir du Nord. Si la communauté internationale ne fait rien, « les gens vont mourir comme des mouches, car s’il n’y a pas de médicaments, s’il n’y a pas à manger, c’est la fin ».
Il rejette toute idée de charia (loi islamique) que veut imposer Iyad Ag Ghaly, ex-rebelle touareg qui dirige le mouvement islamiste Ansar Dine, en pleine ascension dans le Nord.
« Le Mali est un pays laïc », souligne Mohammed, « on ne peut pas nous imposer la charia. Il y a des catholiques, des protestants, des musulmans. Le Touareg est musulman, mais libéral ».
Il se sent en sécurité à Bamako. Et si certains dans sa communauté fuient, c’est qu' »ils ont peur qu’on saccage leur maison, qu’on les pille, qu’on frappe leurs enfants: c’est la psychose, car le commun des Maliens fait l’amalgame » avec les rebelles.
Pourtant, hormis la destruction de quelques propriétés en février à Kati, près de Bamako, « cette chasse aux Touareg, je ne l’ai pas vue ».
Il se sent pleinement de ce pays. « Je suis devenu Malien en 1960 », année de l’indépendance de cette ex-colonie française. « Nous sommes tous parents ici ».
Pas question de partir du Mali. « Je ne me reproche rien », dit-il. « Si je dois quitter, je quitte les pieds devant… »
Ce centre « pour la promotion et la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel touareg », créé en 2008, a pour but de « vulgariser la culture dans la diversité » du Mali, de créer un « brassage interculturel, intercommunautaire, pour se connaître mieux, car c’est le fondement de la paix », dit-il.
Concerts, expositions d’art et d’artisanat des différentes communautés du Mali, les Touareg bien sûr, mais aussi les Bambara, Peul, Dogon, Songhaï, Arabes, y étaient encore organisés il y a peu.
Mais « tout ça c’est fini » depuis la renaissance en janvier d’une rébellion indépendantiste touareg qui, avec des mouvements islamistes armés et divers groupes criminels, a pris le contrôle du nord du Mali. « Je suis devenu le gardien du temple, le centre est en stand-by, on ne fait plus qu’y prendre le thé », lâche Mohammed, amer.
Plus il parle de ces événements, plus il s’emporte, car il ne se reconnaît pas dans la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA): « nous n’avons rien à voir avec cette minorité. L’indépendance par rapport à quoi? Par rapport à qui? »
Marié à une Bambara du Sud, père de quatre enfants, il insiste: « c’est une minorité de Touareg qui est en train de faire la guerre. Dans les trois régions du Nord dont on parle, les Touareg sont très minoritaires » par rapport aux autres communautés arabe, songhaï, peul.
-Les pieds devant-
« Les Touareg fuient » le chaos du Nord, « ce sont les enfants et les vieillards qui paient les pots cassés, pas ceux qui ont les armes ». Et si les gens fuient, « c’est qu’ils ne se sentent pas concernés par le MNLA qui ne les protège pas », dit-il.
Les premières rébellions touareg des années 1990, rappelle-t-il, c’était pour « l’intégration, pas l’indépendance ». Et l’intégration est venue, selon lui: « les Touareg occupent de grands postes, il y a des ministres, des directeurs, des colonels dans l’armée ».
Il est angoissé pour l’avenir du Nord. Si la communauté internationale ne fait rien, « les gens vont mourir comme des mouches, car s’il n’y a pas de médicaments, s’il n’y a pas à manger, c’est la fin ».
Il rejette toute idée de charia (loi islamique) que veut imposer Iyad Ag Ghaly, ex-rebelle touareg qui dirige le mouvement islamiste Ansar Dine, en pleine ascension dans le Nord.
« Le Mali est un pays laïc », souligne Mohammed, « on ne peut pas nous imposer la charia. Il y a des catholiques, des protestants, des musulmans. Le Touareg est musulman, mais libéral ».
Il se sent en sécurité à Bamako. Et si certains dans sa communauté fuient, c’est qu' »ils ont peur qu’on saccage leur maison, qu’on les pille, qu’on frappe leurs enfants: c’est la psychose, car le commun des Maliens fait l’amalgame » avec les rebelles.
Pourtant, hormis la destruction de quelques propriétés en février à Kati, près de Bamako, « cette chasse aux Touareg, je ne l’ai pas vue ».
Il se sent pleinement de ce pays. « Je suis devenu Malien en 1960 », année de l’indépendance de cette ex-colonie française. « Nous sommes tous parents ici ».
Pas question de partir du Mali. « Je ne me reproche rien », dit-il. « Si je dois quitter, je quitte les pieds devant… »
AFP