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Editorial Diasporas News de Mars 2012

Editorial Diasporas News de Mars 2012
Crée en 2008 pour récompenser la Recherche en Sciences de la vie avec une généreuse enveloppe de 3 millions de dollars apportée par la Guinée Equatoriale, cela fait 4 ans que le Prix Unesco-Obiang dort dans les tiroirs de l’Organisation onusienne. Du côté de son initiateur, l’on parle d’une injustice inqualifiable et même d’un complot. D’où d’ailleurs les nombreuses sorties médiatiques du représentant de ce pays auprès de l’Unesco pour dénoncer cet état de fait.
Or, entend-t-on dire que cette manne présidentielle aurait pu représenter une bouffée d’oxygène pour l’institution au moment où elle est financièrement étranglée suite à la décision des Etats-Unis de suspendre la totalité de sa contribution au budget après l’admission de l’Autorité palestinienne en tant que membre à part entière.
A titre d’exemple, au mois de novembre 2010, Washington avait refusé de verser 60 millions de dollars. Une mesure de rétorsion qui intervient après une période de boycott américain qui a duré vingt ans (1984-2003) pour protester contre « la mauvaise gestion et l’idéologie tiers-mondiste » reprochées à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
En dépit d’un lobby bien orchestré par le camp de celui dont le prix porte le nom qui ne lésine pas sur les moyens pour solliciter parfois les services onéreux de certains cabinets privés très réputés dans le domaine, l’unanimité au sein des 58 Etats membres du Conseil exécutif de l’Unesco n’est toujours pas sûre d’être obtenue.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le bras de fer engagé entre les opposants au prix – plus nombreux – et la minorité qui le défend, n’est pas prêt d’être terminé. Le 10 mars prochain, le Conseil devra de nouveau se réunir pour statuer sur la question de savoir s’il faut oui ou non retirer le Prix Unesco-Obiang.
 Avant cette date fatidique, à côté de la bataille diplomatique, un essaim d’Organisations non-gouvernementales mènent, elles aussi, une offensive pour la suppression dudit prix. Pour ces ONG dont on compte Human Rights Watch (HRW), Sherpa, Global Witness ou le Comité de protection des journalistes, « le prix Unesco-Obiang est entaché de façon irréversible par son association avec la répression et la corruption de haut niveau du gouvernement du président Obiang. »
Cela dit, si telle est que l’origine du fonds de financement ce Prix pose véritablement problème, il serait certainement judicieux de s’interroger également sur l’origine de toutes les richesses qui circulent dans le monde notamment en Europe et aux Etats-Unis.
Que dire alors de l’origine des fonds qui servent à développer le monde occidental ? Cette masse d’argent qui est utilisée pour construire les beaux quartiers d’affaires, les belles villes, les belles capitales, est-elle plus propre que l’argent équato-guinéen ? Non, loin s’en faut.
« L’on sait très bien que ces fonds d’investissements proviennent pour la plupart des pillages des ressources minières, pétrolifères, gazières et des matières premières des pays africains…Pour s’affranchir de ses anciennes coloniales, l’Afrique doit se battre pour gagner son indépendance économique » Ce beau discours, l’on l’a entendu plus d’une fois à la tribune des panafricains. Qu’attendent-t-ils pour passer de la parole à l’acte ? Difficile de le savoir. Une chose est certaine, l’Afrique est encore loin d’emboîter le pas aux pays émergents d’Asie.   
Il n’y a qu’à voir la détérioration des termes de l’échange des pays du Sud vis-à-vis des pays du Nord pour se rendre compte de l’ampleur du désastre. 
Combien gagne la Guinée équatoriale, troisième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, en termes de recettes, à côté de ces grosses sociétés occidentales qui exploitent son or noir ? Combien gagne le Niger, troisième producteur mondial d’uranium, un des pays les plus pauvres de la planète, à côté des recettes qui tombent dans la besace de Areva ? Combien gagne la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, à côté des magnats du chocolat qui fixent le prix de cette matière première sur le marché financier à Londres ? Les exemples sont légion. Un marché de dupes légalement établi par les Institutions de Brettons Wood où les pays africains sont les gros perdants.
S’il est très aisé de parler de l’argent de la corruption quand il s’agit des dirigeants africains, il devrait en être de même des filiales des pays occidentaux qui engrangent des richesses au détriment des pays africains. 
Au demeurant, pourquoi la générosité du président Teodoro Obiang Nguema de faire avancer la recherche en Sciences de la vie devrait autant troubler le sommeil des plus grands pilleurs des ressources de la planète ? Réponse, l’argent du corrompu n’est pas moins sale que l’argent du corrupteur.    
En remontant le temps, on est aussi en droit de s’interroger sur l’origine de certaines grandes fortunes occidentales qui ont bâti leur empire pendant l’âge d’or des grandes explorations. Nous savons le rôle joué par les comptoirs installés sur le littéral des côtes africaines dans le commerce des esclaves et des nombreuses ressources naturelles. Des objets sans valeur – whisky, miroir, cigarette – étaient échangés contre de l’ivoire, des lingots d’or voire des pierres rares. Des maisons de commerce comme SCOA, CFAO, CCAF, Peyrissac, pour ne citer que ceux-là, s’étaient installées plus tard pour collecter les produits locaux et l’écoulement des produits importés.
 
 
Après de tous ces siècles, peut-on dire que cette forme d’exploitation a changé ? Non. Elle est devenue certainement plus subtile. 
C’est peut-être le lieu d’inviter les Ong qui crient à tue-tête le retrait du prix Unesco-Obiang au motif de la corruption à ne voir le mal qu’en un seul sens. Il faut qu’elles aient le courage de dénoncer, dans le sens inverse, les pillages des ressources des pays africains par les succursales des entreprises occidentales les plus cotées en bourse, dans leur quête de la démocratie, de la vérité, de la justice et de la liberté.  

  
Clément Yao 
 
 
 
 

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