« La commission doit enquêter sur les heurts entre des partisans du Congrès pour le changement démocratique (CDC, opposition) et la police lors d’une manifestation le 7 novembre, à la veille du second tour de l’élection présidentielle », les violences ont fait « un mort, plusieurs blessés et des dégâts matériels », ajoute le texte.
Ce jour-là, la police anti-émeute avait tiré à balles réelles sur des opposants rassemblés devant le siège du CDC à Monrovia pour soutenir la décision de Winston Tubman, 70 ans, de se retirer de la course. Au moins deux personnes ont été tuées selon des témoins, huit selon le CDC.
Le CDC a appelé à un rassemblement, sans date fixe, lors de l’inhumation de ses partisans tués par la police. Le parti se réunira mercredi pour faire le point sur son « plan d’actions », a indiqué à l’AFP sa présidente, Geraldine Doe Sherif, sans préciser de calendrier.
Diriger la commission d’enquête est « une mission patriotique », a déclaré mardi à l’AFP Soeur Mary Laurene Browne, 68 ans, très populaire au Liberia où elle dirige un institut de l’archidiocèse de Monrovia, enseigne dans un lycée et à l’université de la capitale.
Elle s’est dite déterminée à la conduire malgré les critiques de l’opposition accusant Mme Sirleaf de favoriser ses amis, en demandant à être jugée sur pièces.
Respecter la liberté d’expression
Le 7 novembre, la dispersion des opposants avait débuté par des tirs de gaz lacrymogènes à la suite de jets de pierres, selon un journaliste de l’AFP alors présent devant le quartier général du CDC. La situation a dégénéré lorsqu’il y a eu un coup de feu. Des hommes de la force de l’ONU ont été vus s’interposant entre des policiers et des manifestants.
Selon une source proche de l’enquête, un film des violences montre un homme en civil pénétrant dans les locaux du CDC par un accès proche de la résidence de la présidente, et tirant ensuite sur la foule.
A la suite de ces violences, le gouvernement avait fermé jusqu’à nouvel ordre les radios et télévisions de trois groupes privés. Il avait porté plainte contre ces médias en les accusant d’avoir « diffusé des messages de haine et de violences dans le but de troubler l’ordre public ».
Mardi, la justice a ordonné la réouverture des radios et télévision pour respecter la liberté d’expression, tout en les reconnaissant coupables de ce qui leur a été reproché. Mais elle a décidé de ne prononcer aucune peine à leur encontre.
Winston Tubman, 70 ans, avait boycotté le second tour de la présidentielle, laissant seule en lice Mme Sirleaf, qui a été déclarée vainqueur avec 90,7% (et 9,3% pour M. Tubman), selon les résultats définitifs publiés mardi soir par la Commission électorale nationale.
Le taux de participation a été de 38,6%, contre plus de 71% au premier tour.
La victoire de Mme Sirleaf était déjà contestée par M. Tubman, qui avait pour colistier pour la vice-présidence George Weah, ex-star du football international très populaire dans le pays.
Ces derniers jours, Winston Tubman a opéré plusieurs volte-face: après son retrait de la course à la veille du scrutin, il a affirmé le 11 novembre être prêt à travailler avec Mme Sirleaf dans l’intérêt de la paix et de l’unité nationale, avant de se rétracter le 12 novembre en réclamant l’annulation de l’élection et l’organisation d’un nouveau scrutin dans un délai d’un mois.
AFP