
Dans son rapport « Futur volé. Exploitation forestière et conflits dans les forêts tropicales congolaises », Greenpeace accuse Siforco, une « filiale congolaise » du groupe allemand Danzer, d’avoir « fourni les moyens logistiques (un camion et un chauffeur) et payé le groupe composé de soldats et de policiers » ayant commis les violences.
Contacté lundi, Danzer a renvoyé vers un communiqué publié au mois d’août après la sortie d’un rapport de l’organisation Global Witness qui évoquait ces mêmes faits. Le groupe assurait alors participer « à la promotion d’une forêt durable et d’une industrie du bois qui contribue au bien-être économique et social des populations locales ».
Les événements du 2 mai 2011 faisaient suite à plusieurs semaines de conflits avec la communauté locale. Celle-ci réclamait, selon Greenpeace, « que la compagnie qui exploite ses forêts remplisse enfin ses obligations légales, c’est-à-dire fournisse des infrastructures de bases promises (un centre de santé et une école) en échange de l’extraction du bois précieux ».
« On a violé des femmes, même des femmes qui venaient à peine d’accoucher. Des jeunes filles qui allaient à l’école ont été violées », a affirmé lundi en RDC Joseph Bobia, coordonnateur national du Réseau ressources naturelles, un collectif d’associations sur l’environnement et les droits de l’Homme.
Les villageois « ont officiellement porté plainte contre la compagnie » au mois d’août, selon Greenpeace.
« Ce sont des infractions que nous ne devons pas laisser courir », a prévenu en RDC John Biselele Tshikele, avocat de 57 victimes du village, précisant avoir « des éléments, des preuves ».
« L’affaire est au niveau de l’auditorat supérieur de Mbandaka (capitale de la province de l’Equateur, nord-ouest). Elle sera fixée dans les prochains jours. Nous pensons qu’elle peut être fixée début décembre », a-t-il ajouté.
Pour marquer la sortie de son rapport, Greenpeace a occupé lundi matin un dépôt de bois du port de Caen (nord-ouest de la France) pour dénoncer les aides européennes dont bénéficierait cette société.
Une quinzaine de militants ont symboliquement transformé le dépôt en « scène de crime ». Ils ont recouvert de peinture rouge, symbolisant du sang, des stocks de bois qui appartiennent selon eux à Danzer et circonscrit la « scène » à l’aide de rubans jaunes, a constaté un photographe de l’AFP.
« Crime au Congo », « France complice », pouvait-on lire sur des banderoles.
L’ONG accuse l’Agence française de développement (AFD) d’aider financièrement cette société, « sous prétexte de soutenir le principe d’une soi disant +exploitation forestière durable+ dans le bassin du Congo, idée qui est constamment démentie ».
AFP