"C’est un pan de notre histoire qui vient de s’effacer", soupire Silvie Memel Kassi. Le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire qu’elle dirige ne se remet pas du pillage, durant les combats d’avril à Abidjan, d’une centaine d’objets traditionnels "rares et authentiques". A quelques mois de la retraite, Zoko Djowa, conservateur depuis 30 ans dans ce grand bâtiment blanc de style colonial, n’en finit pas de remâcher son amertume: "Je rêvais de laisser aux générations futures un musée de référence…", confie-t-il à l’AFP.
Pendant les affrontements qui ont conclu début avril quatre mois d’une sanglante crise post-électorale, le musée pouvait difficilement être plus mal placé: à l’entrée ouest du Plateau, le quartier du palais présidentiel, il est voisin du camp Galliéni, siège de l’état-major de l’armée.
Un obus a laissé une large brèche au fronton du musée, créé en 1942 par l’administration coloniale française.
A l’intérieur, la salle d’exposition mettrait au désespoir tout amateur d’art de Côte d’Ivoire, où la grande richesse des styles esthétiques est à l’image de la variété des populations.
Des impacts de balles sont visibles sur la double vitrine qui contenait les sabres royaux agni, un peuple de l’est du pays. Des coffrets vitrés jonchent encore le sol, vides. Au milieu de la pièce, l’immense squelette centenaire d’un éléphant, emblème national, ne règne plus que sur quelques masques et statuettes.
Pendentifs baoulé (centre) du XVIIe siècle, statuettes wê (ouest) et sénoufo (nord), couronnes et chasse-mouches au manche en or massif venus du centre et de la côte, masques sacrés dan (ouest): si les pillards n’ont pas atteint les réserves, ils ont fait main basse sur les fleurons de la collection, riche de quelque 11.000 objets, la plupart accumulés à l’époque coloniale.
Pendant les affrontements qui ont conclu début avril quatre mois d’une sanglante crise post-électorale, le musée pouvait difficilement être plus mal placé: à l’entrée ouest du Plateau, le quartier du palais présidentiel, il est voisin du camp Galliéni, siège de l’état-major de l’armée.
Un obus a laissé une large brèche au fronton du musée, créé en 1942 par l’administration coloniale française.
A l’intérieur, la salle d’exposition mettrait au désespoir tout amateur d’art de Côte d’Ivoire, où la grande richesse des styles esthétiques est à l’image de la variété des populations.
Des impacts de balles sont visibles sur la double vitrine qui contenait les sabres royaux agni, un peuple de l’est du pays. Des coffrets vitrés jonchent encore le sol, vides. Au milieu de la pièce, l’immense squelette centenaire d’un éléphant, emblème national, ne règne plus que sur quelques masques et statuettes.
Pendentifs baoulé (centre) du XVIIe siècle, statuettes wê (ouest) et sénoufo (nord), couronnes et chasse-mouches au manche en or massif venus du centre et de la côte, masques sacrés dan (ouest): si les pillards n’ont pas atteint les réserves, ils ont fait main basse sur les fleurons de la collection, riche de quelque 11.000 objets, la plupart accumulés à l’époque coloniale.
Une "perte énorme", souligne la directrice, qui estime à trois milliards FCFA (4,5 M euros) la valeur marchande de la centaine de "pièces authentiques, uniques et rares" qui ont été volées.
Sans conviction, le musée a lancé un avis de recherche via Interpol. Une plainte contre X a été déposée, tandis que la population était invitée, par voie de presse, à "collaborer".
Les chances de retrouver les objets sont cependant minimes, reconnaît Jules-Evariste Toa, professeur de communication à l’université d’Abidjan. "On peut fondre l’or ou faire une collection privée. Nous craignons de ne jamais les revoir", dit cet habitué des lieux.
Désormais fermé au public, le musée, au maigre budget de 50 millions FCFA (environ 76.000 euros) et délaissé par le public au fil des ans, attend une réhabilitation, notamment pour améliorer sa sécurité.
"Il nous faut un système d’alerte et des armes", avance Jean-Claude Agniman, un agent de sécurité.
Mais le plus dur reste la perte identitaire pour un pays qui tente de sortir d’une décennie de crise où les tensions intercommunautaires ont été parfois très vives.
C’est "toute la Côte d’Ivoire" qui était exposée, insiste Silvie Memel Kassi, rappelant qu’"une pièce est porteuse d’enseignement, on apprend tout sur sa culture, sa civilisation, ses croyances".
Poète et écrivain, Paul Ahizi voit même dans le pillage une "profanation de l’esprit des ancêtres": "le musée est un lieu sacré au même titre que les églises et les mosquées".
"La Côte d’Ivoire est en train de perdre ses repères avec la disparition de ces pièces, s’alarme-t-il. Le pays aura un problème de définition de sa propre identité et de ressourcement spirituel".
Sans conviction, le musée a lancé un avis de recherche via Interpol. Une plainte contre X a été déposée, tandis que la population était invitée, par voie de presse, à "collaborer".
Les chances de retrouver les objets sont cependant minimes, reconnaît Jules-Evariste Toa, professeur de communication à l’université d’Abidjan. "On peut fondre l’or ou faire une collection privée. Nous craignons de ne jamais les revoir", dit cet habitué des lieux.
Désormais fermé au public, le musée, au maigre budget de 50 millions FCFA (environ 76.000 euros) et délaissé par le public au fil des ans, attend une réhabilitation, notamment pour améliorer sa sécurité.
"Il nous faut un système d’alerte et des armes", avance Jean-Claude Agniman, un agent de sécurité.
Mais le plus dur reste la perte identitaire pour un pays qui tente de sortir d’une décennie de crise où les tensions intercommunautaires ont été parfois très vives.
C’est "toute la Côte d’Ivoire" qui était exposée, insiste Silvie Memel Kassi, rappelant qu’"une pièce est porteuse d’enseignement, on apprend tout sur sa culture, sa civilisation, ses croyances".
Poète et écrivain, Paul Ahizi voit même dans le pillage une "profanation de l’esprit des ancêtres": "le musée est un lieu sacré au même titre que les églises et les mosquées".
"La Côte d’Ivoire est en train de perdre ses repères avec la disparition de ces pièces, s’alarme-t-il. Le pays aura un problème de définition de sa propre identité et de ressourcement spirituel".
Diasporas-News — AFP