"On n’a pas besoin d’être chercheur en sciences politiques pour déceler l’effet de sympathie", a commenté le politologue Frank Aarebrot, cité par le journal.
"Les électeurs qui avaient voté travailliste aux dernières élections et qui étaient dans le doute depuis sont massivement revenus vers le parti travailliste", a-t-il ajouté.
La formation était la cible privilégiée de Behring Breivik: après un attentat à la voiture piégée visant le siège du gouvernement de centre-gauche, cet extrémiste de droite avait ouvert le feu sur un rassemblement de quelques 600 jeunes travaillistes sur l’île d’Utoeya, près d’Oslo.
Les deux attaques ont fait 77 morts.
Le sondage constitue sans nul doute un revers pour Behring Breivik: lors de sa première comparution devant un juge, le tueur de 32 ans, actuellement en détention provisoire dans une prison de haute sécurité, avait dit vouloir "tarir le recrutement" du parti travailliste.
Islamophobe, il reproche à cette formation d’être responsable de l’instauration d’une société multiculturelle, ressort-il de ses écrits.
Lors d’un nouvel interrogatoire vendredi, il a exigé la démission du gouvernement pour en dire plus sur les mystérieuses "cellules" dont il avait auparavant évoqué l’existence.
Behring Breivik affirme avoir agi seul, ce qui semble de plus en plus probable aux yeux des enquêteurs, mais ces derniers travaillent encore sur d’éventuelles ramifications, le tueur ayant mentionné "deux autres cellules en Norvège" et "plusieurs cellules à l’étranger".
Formation de la droite populiste dont Behring Breivik a été adhérent jusqu’en 2006, le parti du Progrès (Frp) perd trois points, à 16,5%, montre aussi le sondage de dimanche, à un mois et demi d’élections locales prévues le 12 septembre.
Sa présidente, la blonde Siv Jensen, a pourtant pris grand soin de se démarquer du tueur, vraisemblablement l’homme le plus détesté de Norvège.
Unanimement salué pour la façon dont il a géré la crise, avec ses appels à la tolérance et son omniprésence auprès des victimes et de ses concitoyens, le Premier ministre Jens Stoltenberg surfe, lui, sur une vague de popularité.
Selon un autre sondage publié mercredi, 94% des Norvégiens sont satisfaits ou très satisfaits de la façon dont il a réagi.
Toujours secouée par les pires attaques perpétrées sur son sol depuis la Seconde guerre mondiale, la Norvège tente désormais de renouer avec une certaine normalité.
Dimanche, elle a donné le coup d’envoi de la Norway Cup, l’un des plus grands rassemblements footballistiques au monde avec quelque 30.000 jeunes joueurs venus des quatre coins de la planète.
C’est le premier pas vers un retour à une vie normale", a déclaré à l’AFP l’organisateur Terje Lund. "C’est important de proposer aux enfants autre chose à penser, autre chose à faire", a-t-il dit, en notant que certains des joueurs étaient sur Utoeya le 22 juillet. Behring Breivik doit faire l’objet d’examens psychiatriques pour déterminer s’il est pénalement responsable, l’expertise de deux médecins devant être rendue d’ici à novembre.
Son avocat, Geir Lippestad, avait affirmé la semaine dernière que son client était probablement "dément".
Diasporas-News –AFP