Dans ce discours prononcé à Tanger, dans le nord du Maroc, pour le 12ème anniversaire de son intronisation, le roi a appelé à l’élection rapide d’un nouveau parlement pour qu’un futur Premier ministre soit nommé au sein du parti vainqueur des prochaines élections.
Une révision constitutionnelle renforçant les pouvoirs du Premier ministre tout en préservant la prééminence du souverain a été adoptée à plus de 98% des Marocains lors d’un référendum organisé le 1er juillet après plusieurs mois de manifestations de rue pacifiques.
Accompagné de son frère cadet, le prince Moulay Rachid, le roi a tenu son discours au palais Marchane après avoir salué les hauts fonctionnaires, civils et militaires ainsi que les diplomates étrangers.
"Il importe de commencer par l’élection de la nouvelle Chambre des représentants, pour que nous procédions, sur la base des résultats du scrutin y afférent (…) à la nomination du chef de gouvernement, au sein du parti qui sera arrivé en tête de ces élections", a déclaré le roi.
Il n’a pas précisé de calendrier pour ces législatives, dont la date est négociée entre le ministère de l’Intérieur et les partis, mais a averti que "tout atermoiement risque d’hypothéquer cette dynamique de confiance et de dilapider les opportunités qu’offre la nouvelle réforme".
Il a également souhaité la formation prochaine d’un "nouveau gouvernement issu d’une majorité parlementaire solidaire et homogène".
S’adressant aux partis politiques, le souverain les a appelés "à redoubler d’efforts pour favoriser la réconciliation des citoyens, surtout les jeunes, avec l’action politique".
Ce sont les jeunes et les islamistes qui forment le gros des contestataires pro-démocratie. Malgré l’adoption de la réforme constitutionnele, les jeunes du Mouvement du 20 février continuent de manifester régulièrement dans les grandes villes pour des changements politiques "profonds".
Sur le plan diplomatique, Mohammed VI s’est dit favorable à l’ouverture des frontières terrestres avec l’Algérie, fermées depuis 1994, et à l’établissement "d’une nouvelle dynamique" entre les deux voisins du Maghreb.
"Nous tenons à l’amorce d’une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales (…) y compris la réouverture des frontières terrestres", a dit le roi.
La frontière terrestre entre le Maroc et l’Algérie a été fermée en 1994 à la suite d’un attentat islamiste à Marrakech (sud du Maroc) que Rabat avait imputé aux services secrets algériens.
"Cette démarche exclut tout immobilisme ou ostracisme incompatible avec les liens de bon voisinage, l’impératif d’intégration maghrébine et avec les attentes de la communauté internationale et de notre espace régional", a poursuivi Mohammed VI.
Dans un message adressé samedi au roi Mohammed VI, avant qu’il ne prononce son discours du trône, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a salué l’adoption de la nouvelle constitution et les réformes que "vous avez entreprises pour mener votre pays sur la voie du changement démocratique, de la participation collective, de la bonne gouvernance".
Rabat et Alger ont échangé au cours des derniers mois des visites de ministres, laissant augurer d’un réchauffement de leurs relations, longtemps contrariées par le problème toujours non résolu du Sahara Occidental.
Le Maroc a annexé l’ex-colonie espagnole en 1975 (bien 1975) et propose aux Sahraouis l’autonomie sous sa souveraineté.
Le Front Polisario, soutenu par Alger, réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, qui donnerait aux Sahraouis le choix entre trois options: indépendance, autonomie sous souveraineté marocaine ou rattachement au Maroc.
Diasporas-News -AFP