D’intenses combats aux armes lourdes et légères opposaient les deux camps, les pro-Kadhafi ripostant aux roquettes Grad, dans un véritable déluge de feu. Vers 18H00 GMT, des détonations puissantes secouaient les hauteurs de la ville où les protagonistes, à portée de vue, se livraient des combats rapprochés.
Al-Assaba, située à environ 80 km de Tripoli, est la dernière ville avant Gharyane, verrou stratégique pour la capitale libyenne, bastion du régime Kadhafi.
La rébellion a fondu sur Al-Assaba après être parvenue à repousser la contre-offensive lancée le matin par l’armée gouvernementale sur le hameau de Goualich, à environ 17 km plus au sud.
Surprise par l’attaque des loyalistes, la rébellion avait quasiment abandonné ce hameau pris il y a une semaine, avant que des centaines de rebelles n’affluent en renfort des villages voisins des montagnes de Nefoussa, et prennent à revers l’armée de Kadhafi.
Dans leur fuite, les soldats ont laissé armes et munitions, cherchant à se retrancher au plus vite à Al-Assaba.
Depuis une semaine, les combattants se préparaient à avancer pour encercler Tripoli du sud, de l’ouest et de l’est du côté de Zliten.
Sur le front oriental, au moins deux roquettes sont tombées sur Ajdabiya, une ville stratégique aux mains de la rébellion, blessant quatre civils et provoquant d’importants dégâts matériels, selon des témoins.
Ajdabiya, carrefour routier à 160 km au sud de Benghazi, la "capitale" rebelle, est sous le contrôle de l’insurrection depuis mai. Mais des combats les opposent régulièrement aux forces gouvernementales, qui tiennent le site pétrolier de Brega 80 km plus à l’ouest.
Les rebelles accusés d’exactions
La voix des armes semble donc pour le moment encore privilégiée pour mettre un terme au conflit, né d’une révolte populaire le 15 février.
"Jusqu’à présent, il est impossible de trouver une solution politique: Kadhafi veut rester en place et les rebelles ne le veulent pas", a déclaré à l’AFP le colonel Juma Brahim, chef du centre militaire opérationnel pour l’Ouest libyen.
Pourtant, la France, fer de lance de l’opération internationale en Libye, a assuré mardi qu’une solution politique commençait à "prendre forme", grâce à des contacts diplomatiques de plus en plus soutenus devant permettre le départ de M. Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. Il ne s’agit néanmoins pas encore de "véritables négociations", selon Paris.
A Washington, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a déploré, aux côtés de son homologue russe Sergueï Lavrov, que M. Kadhafi n’ait toujours pas rempli les demandes de la communauté internationale de retirer ses troupes et de quitter le pouvoir.
"Bien que ni nous, ni la Russie, ne puissions prévoir le jour ni l’heure à laquelle Kadhafi quittera le pouvoir, nous sommes d’accord pour dire que ses jours sont comptés", a-t-elle dit.
Moscou a entretemps maintenu sa position hostile à l’intervention militaire de l’Otan en déclinant l’invitation à se joindre à la réunion du groupe de contact sur la Libye, vendredi à Istanbul.
Le même jour de leur avancée sur Al-Assaba, les insurgés dans l’Ouest ont été épinglés par l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW), selon qui ils ont commis incendies et pillages et fait subir de mauvais traitements à des civils.
"Les chefs rebelles ont le devoir de protéger les civils et leurs biens, particulièrement les hôpitaux, et de sanctionner quiconque se livre au pillage ou à d’autres abus", a affirmé HRW.
Mais le numéro deux de la rébellion, Mahmoud Jibril, a réfuté ces accusations lors d’une rencontre à Bruxelles avec les chefs de la diplomatie du Benelux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas).
Admettant "quelques incidents" aux premières semaines de l’insurrection, il a affirmé: "ce n’est plus le cas dans les zones libérées".
Les pays du Benelux, comme plus d’une vingtaine d’Etats avant eux, ont reconnu le CNT comme "représentant légitime du peuple libyen pendant la période de transition".
Enfin, un juge libyen a annoncé avoir porté plainte contre le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, pour "crimes de guerre", accusant l’Alliance atlantique d’avoir tué un millier de civils Libyens et d’en avoir blessé quelque 4.500 lors des raids menés depuis fin mars.
Diasporas-News — AFP