dimanche, décembre 22, 2024
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Thaïlande: un vent de liberté dans les cheveux des écoliers

Thaïlande: un vent de liberté dans les cheveux des écoliers
Coupe militaire pour les garçons, au bol pour les filles. Pendant des générations, les écoliers thaïlandais n’ont pu s’écarter d’un cheveu de lignes capillaires draconiennes. De nouvelles règles leur laissent aujourd’hui entrevoir un peu de liberté.
« Je suis gêné d’avoir ce type de coiffure », lâche Visarut Rungrod, 14 ans, en passant la main sur son crâne où la tondeuse n’a pas laissé grand chose.
« J’aurai plus confiance pour sortir », prédit l’adolescent, qui a prévu de laisser repousser sa tignasse dès que possible.
Des règles édictées en 1972 prévoyaient que tous les élèves, de la maternelle à la fin du lycée, aient la même coupe: juste au niveau du lobe de l’oreille pour les filles, 5 centimètres grand maximum pour les garçons.
Une minorité d’établissements avait au fil des années laissé les filles uniquement prendre quelques libertés sur la longueur, à condition d’attacher leurs cheveux.
Mais depuis le mois de mai et une nouvelle directive du ministère de l’Education, tout le monde a en théorie la permission d’avoir « les cheveux courts ou longs ». Un petit souffle d’individualité dans des écoles où l’uniforme est lui toujours obligatoire.

Thaïlande: un vent de liberté dans les cheveux des écoliers
Cette nouvelle liberté capillaire est l’oeuvre d’un de leurs pairs: un Thaïlandais de 15 ans qui avait déposé en 2011 une plainte auprès de la Commission nationale des droits de l’Homme, estimant que ces règles scolaires violaient ses droits et sa liberté.
« Cela conduit à un manque de confiance des adolescents et à une perte de concentration pendant les études », justifiait sa lettre.
Sa plainte avait vite rallié d’autres écoliers. Elle avait également provoqué un débat dans la société thaïlandaise, alors que le système éducatif du royaume est régulièrement critiqué pour pousser les enfants à la conformité et empêcher toute pensée individuelle.
Mais les élèves ne peuvent toujours pas tout se permettre. Les filles peuvent ainsi se laisser pousser les cheveux, mais devront les attacher fermement en queue de cheval. Les garçons n’ont eux le droit qu’à un peu de longueur, jusqu’au cou.
Et le gouvernement a laissé aux écoles le choix de continuer à imposer l’ancien style, alors certains établissements effrayés par ce vent de liberté n’ont pas l’intention de l’abandonner.
Discipline et uniformité

Thaïlande: un vent de liberté dans les cheveux des écoliers
Après avoir consulté les professeurs, « la décision a été que tous les élèves doivent garder l’ancienne coiffure », insiste ainsi Ratchanee Prapasapong, directrice de l’école Makutkasatriyaram à Bangkok, estimant que les enfants sont trop jeunes pour s’occuper de leurs cheveux.
« Même si la coiffure n’a rien à voir avec l’enseignement, nous la considérons comme une partie intégrante de la discipline, pour vivre ensemble dans notre société », poursuit-elle. « Cela montre aussi aux jeunes le respect ». 
Une position partagée par certains parents. « Si nous parlons d’avoir l’air uniformes, les cheveux doivent être courts », s’insurge Pornyudh Budhapongsiriporn, père de deux garçons de 12 et 15 ans.
« Pour avoir l’air discipliné, nous devons suivre ce que fait la majorité. Si la plupart des élèves ont des cheveux courts, les autres doivent avoir les cheveux courts, sinon, ils ne s’intègrent pas dans la société ».
Mais les avis divergent sur cette nécessité de tous se ressembler et certains experts défendent cet nouvel espace accordé aux jeunes dans un système parfois décrit comme étouffant leur personnalité.
Parents et enseignants « sont troublés de voir tout à coup les élèves avec les cheveux longs », note Somphong Chitradub, spécialiste de l’éducation à l’université Chulalongkorn de Bangkok.
« Mais cela apprend aux enfants à montrer leurs véritables sentiments, cela va leur permettre de se sentir bien », estime-t-il.
Et si certains parents ont peur que leurs enfants ne se regardent un peu trop dans la glace et que leur nouveau style ne les détourne soudain des études pour des sorties avec des petit(e)s ami(e)s, ils ne devraient pas, plaide Somphong.
Même s’ils ont de bonnes intentions, « ils ne comprennent pas les véritables besoin des élèves », regrette-t-il. « Ils devraient apprendre aux enfants les choses de la vie, pour qu’ils aient eux-mêmes leur propre discipline ».
Les parents de Pattanotai Tungsuwan, 14 ans, peuvent eux être rassurées. L’adolescente au sourire radieux n’a pas l’intention de laisser sa queue de cheval l’influencer. 
« Cela dépend de nous de nous intéresser aux études ou à l’apparence », insiste-t-elle. « Mais moi, je préfère faire attention à mes études d’abord ».
afp

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