lundi, décembre 23, 2024
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Attentat contre Habyarimana au Rwanda: un rapport exonère les proches de Kagame

Attentat contre Habyarimana au Rwanda: un rapport exonère les proches de Kagame
Un rapport d’expertise français a conclu mardi que l’avion du président rwandais Habyarimana a été abattu en 1994 par des missiles tirés depuis le camp militaire de Kanombe tenu par les loyalistes, ce qui exonère les proches du président Paul Kagame inculpés. Le rapport d’expertise « confirme l’hypothèse d’un départ de tirs de missiles depuis le camp de Kanombe », près de l’aéroport de Kigali, et « nos clients qui ont injustement été accusés et poursuivis pendant des années se trouvent confortés dans leurs positions », a estimé Me Bernard Maingain, qui défend les sept inculpés, après la présentation de l’expertise.
« Cette affaire va prendre fin et nous allons continuer notre combat », a ajouté Me Maingain, qui a dit qu’il réclamerait un non-lieu pour ses clients.
Dans une première réaction, Kigali a estimé que le rapport « rend justice » à la position soutenue depuis longtemps par le Rwanda sur les circonstances entourant les évènements de 1994.
Le soir du 6 avril 1994, un Falcon 50 transportant le président hutu rwandais Juvenal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira est abattu en phase d’atterrissage à Kigali par des missiles sol-air. Cet attentat est considéré comme le signal déclencheur du génocide, qui a fait au moins 800.000 morts, essentiellement de la minorité tutsi.
La présence d’un équipage français à bord a conduit à l’ouverture d’une enquête en France. L’enquête conduite par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière avait abouti au lancement en 2006 de neuf mandats d’arrêts contre des proches du président Kagame qui, en 1994, dirigeait la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR).

Attentat contre Habyarimana au Rwanda: un rapport exonère les proches de Kagame
Ces inculpations avaient entraîné la rupture des relations diplomatiques entre Kigali et Paris. La détente n’avait commencé qu’après la mise en examen (inculpation), en 2008, d’une proche du président rwandais, puis de six autres en 2010, conduisant à la levée des mandats. Deux autres personnes — l’une en fuite et l’autre probablement décédée — restent sous le coup de mandats d’arrêt français.
A l’inverse de la thèse Bruguière, un rapport d’enquête rwandais affirme que les tirs sont partis depuis le camp militaire de Kanombe, importante base des FAR (armée gouvernementale hutu à l’époque), jouxtant l’aéroport et la résidence présidentielle au sud-est, où il est « impossible d’imaginer », selon ce rapport, que le FPR ait pu s’infiltrer.
En avril 2010, alors que les relations entre Paris et Kigali se sont détendues, les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux, qui ont succédé à Bruguière, désignent une équipe d’experts pour déterminer les lieux possibles des tirs ayant abattu l’avion présidentiel.
Vingt mois plus tard et après un déplacement au Rwanda en septembre 2010 pour essayer de reconstituer les conditions de l’attentat, c’est ce rapport d’expertise qui semble fragiliser un peu plus la thèse Bruguière, alors que plusieurs témoins à charge s’étaient déjà rétractés.
L’avocat de la veuve du président Habyarimana, Me Philippe Meilhac, a toutefois estimé qu’il fallait rester prudent sur les conclusions à tirer de cette expertise.
« Il y a une forme de nouveauté par rapport au lieu de tir présumé des missiles qui ont abattu l’avion mais il y a aussi un grand nombre de confirmations », a affirmé l’avocat d’Agathe Habyarimana, exilée en France depuis une quinzaine d’années.
Selon lui, « il s’agissait de missiles de conception soviétique qui nécessitaient, ainsi que nous l’ont dit les experts, une formation technique très précise qui n’a jamais été assurée auprès d’aucun élément de l’armée rwandaise ».
« Il est clair pour tous désormais que l’attentat contre l’avion était un coup d’Etat mené par des extrémistes hutu et leurs conseillers », a commenté dans un communiqué la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.
« Avec cette vérité scientifique, les juges Trévidic et Poux ont fermé brutalement la porte à 17 ans de campagne de négation du génocide (…) », a-t-elle estimé.

AFP

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