Devenue reine à seulement 25 ans, Elizabeth II a mis sa vie au service de ses sujets, enchaînant inlassablement les engagements officiels, sourire aux lèvres, avant de ralentir le rythme à l’approche de ses 70 ans de règne.
Agée de 96 ans et souffrant de difficultés pour se déplacer, la reine a limité ses apparitions publiques et s’appuie désormais sur une canne. Elle passe progressivement le relais à son fils aîné Charles, 73 ans, même si elle continue de s’entretenir régulièrement avec des diplomates par vidéoconférence et n’a rien perdu de sa vivacité d’esprit, selon ses proches.
Outre ses problèmes de santé, la mort en avril 2021 du prince Philip, son époux depuis sept décennies, a ébranlé celle qui en était tombée amoureuse à 13 ans et l’avait épousée huit ans plus tard.
La reine vit désormais repliée dans son château de Windsor, à l’ouest de Londres, après avoir déserté le palais de Buckingham depuis le début de la pandémie de coronavirus.
Au Royaume-Uni, aucun monarque n’a jamais régné aussi longtemps. Son visage est partout: sur les billets de banque, les timbres, ou encore les boîtes aux lettres. Et sa popularité immense.
– Armée de réserve –
Pourtant Elizabeth Alexandra Mary, née dans le quartier de Mayfair à Londres le 21 avril 1926, n’était pas destinée à être reine.
La princesse « Lilibet », boucles blondes et visage d’ange, grandit dans une certaine insouciance. Mais fin 1936, son oncle Edouard VIII abdique pour épouser Wallis Simpson, une Américaine deux fois divorcée. Le père d’Elizabeth, un homme timide et bègue, devient alors George VI.
La fillette emménage dans l’austère palais de Buckingham et sera instruite à domicile avec sa soeur Margaret, de quatre ans sa cadette.
Pour se préparer à son futur rôle, elle étudie le droit et l’histoire constitutionnelle et apprend aussi le français.
Vers la fin de la Seconde guerre mondiale, elle rejoint l’armée de réserve, à 19 ans, comme conductrice.
Elle épouse à 21 ans le fringant officier Philip Mountbatten, fils du prince André de Grèce, au cours d’une cérémonie qui fera rêver la Grande-Bretagne d’après-guerre encore marquée par les privations.
Le 6 février 1952, alors qu’elle effectue un voyage au Kenya, elle apprend la mort de son père. Elle retourne immédiatement au Royaume-Uni puis est couronnée le 2 juin 1953.
Devenue à l’âge de 25 ans souveraine du Royaume-Uni, du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Sud, du Pakistan et de Ceylan (l’actuel Sri Lanka), elle promet à ses sujets « d’être digne de leur confiance tout au long de (sa) vie ».
– Calme dans la tempête –
Sens du devoir chevillé au corps, elle accomplit chaque année, jusqu’à récemment, des centaines d’engagements, de réceptions de dignitaires étrangers au palais de Buckingham à des remises de décorations en passant par les tournées à l’étranger.
Pour être vue de tous malgré sa taille (1m63), elle adopte des tenues colorées, chapeau assorti et sac à main au coude, un uniforme qu’elle se créé pour incarner sa fonction.
Après une brève hospitalisation en octobre 2021 pour des examens dont la nature n’a jamais été révélée, elle est contrainte de réduire le rythme, sur les conseils de ses médecins.
Elle s’appuie sur une famille royale resserrée depuis la prise de distances, en 2020 de son petit-fils Harry qui s’est installé en Californie, accusant « la Firme », surnom de la royauté, d’avoir manqué de soutien et fait preuve de racisme envers sa femme Meghan, qui est métisse.
Andrew, souvent considéré comme son fils préféré, a quant à lui été prié de se mettre en retrait de la monarchie, en raison de ses liens avec l’affaire Epstein.
Femme très croyante, Elizabeth II incarne la stabilité au sein d’une famille régulièrement traversée par des scandales.
En 1992, qu’elle a surnommée « Annus Horribilis », trois de ses enfants Charles, Anne et Andrew, voient leurs couples respectifs exploser et son château de Windsor est la proie des flammes.
La reine reste stoïque, maintenant le cap dans la tempête, une réserve qui lui a valu des critiques lors de la mort de Lady Di, en 1997.
Si elle s’adresse chaque Noël aux Britanniques lors d’une allocution télévisée, elle garde ses opinions pour elle et n’a jamais accordé d’interview.
Recevant chaque semaine en audience le chef du gouvernement, la reine observe comme il se doit une stricte neutralité politique.
L’été, elle s’éclipse à Balmoral, en Ecosse, où elle troque son chapeau pour un simple foulard et ses souliers pour une paire de bottes. Passionnée de chiens, notamment les corgis, et de chevaux, elle montait encore à cheval à 90 ans passés.