Le docteur congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, a appelé vendredi à la création d’un tribunal pénal international pour la RDC, dont l’Est est en proie aux violences armées depuis plus de 25 ans.
« Malgré l’état de siège instauré dans les Kivus et en Ituri » depuis début mai, « la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer dans ces provinces », écrit dans un communiqué Denis Mukwege, évoquant « avec effroi les récentes tueries » qui ont fait des dizaines de morts dans les territoires de Beni et Irumu.
Les populations « vivent dans la peur et l’horreur », en dépit de la présence dans la région de la force de l’ONU (Monusco) en appui à l’armée congolaise. Pour lui, « cette situation tragique et scandaleuse n’est plus supportable ».
« Face à l’échec des solutions politiques et sécuritaires, nous sommes convaincus que le chemin de la paix durable passera par le recours à tous les mécanismes de la justice transitionnelle », estime le prix Nobel.
« Alors que les dirigeants du monde entier prendront prochainement la parole » à l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, nous « exhortons » le président congolais Félix Tshisekedi à « solliciter l’aide des Nations unies et l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité pour mettre en place sans tarder une équipe d’enquêteurs », dit-il.
Selon le Dr Mukwege, médecin exerçant au Sud-Kivu, ces enquêteurs devront « exhumer les nombreuses fosses communes dans l’Est du pays et collecter et préserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide ».
Le président congolais doit aussi, ajoute-t-il, « demander de manière expresse aux Nations unies l’établissement d’un Tribunal pénal international pour la RDC et le soutien à la mise en place de chambres spécialisées mixtes pour rendre justice aux victimes des crimes les plus graves ».
Il doit aussi « concrétiser son engagement à faire adopter une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle », poursuit Denis Mukwege. Il faut « mettre fin à la culture de l’impunité qui alimente les conflits dans notre pays depuis les années 1990 », conclut-il.