mercredi, novembre 27, 2024
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Côte d’Ivoire: l’espoir d’une réconciliation avec la rencontre Ouattara-Gbagbo

Leur dernière poignée de mains remontait à plus de dix ans: le président ivoirien Alassane Ouattara et son prédécesseur Laurent Gbagbo doivent se rencontrer mardi, une première depuis leur duel à l’élection de 2010 qui avait débouché sur une crise meurtrière.

Après un premier contact téléphonique au début du mois, ce face-à-face prévu vers 17H00 (locales et GMT) au palais présidentiel à Abidjan devrait constituer un geste de plus vers l’apaisement de la vie politique en Côte d’Ivoire, dans la continuité du retour de M. Gbagbo le 17 juin.

« Le simple fait de voir Ouattara et Gbagbo ensemble est perçu comme un acte d’apaisement et un image forte offerte aux Ivoiriens dans leur quête de paix et de réconciliation nationale », notait mardi le journal d’opposition Notre Voie.

« Rendez-vous de l’espoir? » s’interrogeait le quotidien pro-gouvernement Fraternité Matin qui espère que la rencontre « ouvrira de nouvelles perspectives pour une paix durable ».

Leur dernier tête-à-tête remonte au 25 novembre 2010, une éternité dans l’histoire récente du pays.

A l’époque, ils s’étaient affrontés dans un débat télévisé de plus de deux heures, quelques jours avant le second tour de la présidentielle qui avait débouché sur une grave crise post-électorale faisant 3.000 morts, née du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite.

Ce dernier avait ensuite été arrêté et poursuivi devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité.

– « Ouverture et dialogue » –

Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara le 27 juillet 2021

Mais depuis le retour, grâce au feu vert du président Ouattara, de son ancien rival, définitivement acquitté par la justice internationale, le mot réconciliation est sur toutes les lèvres.

« Laurent Gbagbo est dans un esprit d’ouverture, de dialogue et de réconciliation », assure à l’AFP Franck Anderson Kouassi, porte-parole du Front populaire ivoirien (FPI), son parti.

« C’est une visite de courtoisie à son aîné (…) si cela peut permettre de décrisper l’atmosphère politique, tant mieux », a commenté de son côté Justin Katinan Koné, porte-parole de M. Gbagbo, 76 ans, appelant toutefois « à ne pas donner plus de relief à cette rencontre qu’elle n’en a ».

« Il n’y a jamais eu d’interruption du dialogue dans notre pays et il se poursuivra parce que telle est la volonté du gouvernement », a relevé le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly.

Le gouvernement avait également laissé entendre qu’il ne ferait pas appliquer la condamnation de M. Gbagbo à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant les événements de 2010-2011.

Une perspective qui ne plait pas à tout le monde, à l’image d’Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire.

« Nous sommes ici pour dénoncer l’exécution sélective des décisions de justice en Côte d’Ivoire. Nous estimons que la réconciliation ne peut pas se résumer à la rencontre de deux citoyens, il faut la vérité, la justice », a-t-il déclaré mardi à l’occasion d’un hommage aux victimes de la crise, au cimetière de Williamsville, un quartier d’Abidjan.

L’apaisement entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo n’a rien d’évident, tant l’histoire entre les deux hommes reste intimement marquée par les violences post-électorales de 2010-2011.

« Les deux protagonistes de la crise vont se rencontrer, ce n’est pas totalement anodin! La rencontre ne va pas effacer les divergences abyssales entre eux, mais c’est une évolution de cette relation », souligne l’analyste politique Rodrigue Koné à l’AFP.

Difficile en tout cas d’imaginer M. Gbagbo rester discret dans le jeu politique ivoirien. Depuis son retour, il s’est déjà affirmé comme un opposant politique de premier plan à Alassane Ouattara, 79 ans.

Très vite, il était allé rencontrer Henri Konan Bédié, un autre ancien président, désormais poids lourd de l’opposition et n’avait pas manqué d’égratigner M. Ouattara.

Il l’avait notamment appelé à « respecter les textes », en référence à sa réélection en 2020 pour un troisième mandat controversé, au cours d’une présidentielle boycottée par l’opposition qui jugeait ce nouveau mandat inconstitutionnel.

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