vendredi, novembre 22, 2024
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Nigeria: fin de cavale pour le dirigeant séparatiste pro-Biafra Nnamdi Kanu

Au terme de près de quatre ans de cavale, le leader indépendantiste biafrais Nnamdi Kanu a été arrêté dans un lieu inconnu et « ramené au Nigeria », où il a comparu mardi, alors que le Sud-Est du pays est secoué par des violences.

Nnamdi Kanu, disparu depuis une descente de l’armée à son domicile en octobre 2017 alors qu’il était en liberté sous caution, a été présenté mardi devant la justice, qui a autorisé son incarcération et annoncé que son procès pour « terrorisme » se tiendrait en juillet.

« Le chef de l’Ipob (Mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra) a été arrêté le 27 juin » en collaboration avec des services de sécurité dont la nationalité n’a pas été dévoilée, a déclaré Abubakar Malami, ministre de la Justice et procureur du Nigeria.

« Il est accusé de s’être livré à des activités subversives, notamment des incitations à la violence contre l’Etat nigérian et ses institutions à travers des messages diffusés à la télévision, à la radio et sur les réseaux sociaux », a ajouté le ministre.

Un avocat de Nnamdi Kanu, Ifeanyi Ejiofor, a confirmé son arrestation.

« Il a été présenté aujourd’hui (mardi) devant la Haute cour fédérale pour répondre de onze chefs d’accusation mais sans que nous le sachions », a affirmé l’avocat dans un communiqué, appelant les autorités à respecter les droits de son client et à garantir sa sécurité.

Nnamdi Kanu avait été arrêté une première fois en octobre 2015, et il était accusé de « trahison », mais il avait profité de sa liberté sous caution pour quitter le Nigeria, avant de réapparaitre douze mois plus tard à Jérusalem, puis en janvier 2019 en Grande-Bretagne.

Il restait introuvable depuis trois ans, des rumeurs le situant successivement en Angleterre, en Israël ou même caché au Nigeria. En cavale, le chef séparatiste n’en était pas pour autant resté silencieux. Nnamdi Kanu publiait quasi quotidiennement sur Twitter, ou lançait des appels à l’indépendance sur Radio Biafra, une radio en ligne.

– Rêve d’indépendance –

L’ex-Biafra, région déshéritée du sud-est du Nigeria qui comprend les Etats d’Anambra, d’Imo, Enugu, Ebonyi et Abia, essentiellement peuplée par la communauté Igbo, fut le théâtre d’une sanglante guerre civile entre 1967 et 1970.

Après la mort de plus d’un million de personnes, notamment de famine, et l’échec d’une rébellion à bout de souffle, la « République du Biafra » avait fini par réintégrer le Nigeria, mosaïque ethnique et religieuse comptant actuellement près de 200 millions d’habitants régulièrement secouée par des tensions intercommunautaires.

Mais en territoire igbo, le rêve d’indépendance ne s’est jamais vraiment dissipé, alimenté par le sentiment d’abandon du pouvoir nigérian et accentué par l’arrivée au pouvoir de Muhammadu Buhari un ancien général originaire du nord du pays.

Le chef de l’Etat a récemment déclaré sur Twitter qu’il fallait « traiter +les indépendantistes+ avec le langage qu’ils comprennent », faisant référence au million de morts de la guerre civile et choquant une immense partie de l’opinion publique dans le Sud avant que le Tweet ne soit supprimé par le réseau social.

Interrogé par l’AFP, le porte-parole de l’Ipob, Emma Powerful, n’a pas réagi à l’annonce de l’arrestation de Nnamdi Kanu, qui survient après des mois de troubles dans le sud-est du Nigeria et la création du mouvement paramilitaire de l’ESN (Eastern Security Network, Réseau sécuritaire de l’Est).

L’Ipob rejette toute accusation de violences ou d’attaques menées par l’ESN, et assure qu’il ne s’agit que d’une milice civile d’autodéfense pour protéger des « éleveurs peuls » les terres et les villages. Néanmoins, de nombreuses vidéos de propagande présentent ses centaines, voire ses milliers de combattants, comme des soldats se préparant à partir en guerre.

La région aux velléités indépendantistes connaît d’ailleurs de nouvelles flambées de violence et au moins 127 policiers ou membres des forces de sécurité ont été tués et une vingtaine de postes de police et des bureaux de la commission électorale ont été pris d’assaut depuis le début de l’année, selon un décompte des médias locaux.

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