Le candidat de l’opposition Bobi Wine, qui affrontera jeudi dans les urnes le président sortant Yoweri Museveni, a appelé mardi les électeurs ougandais à voter en masse et à « protéger leur vote ».
Les Ougandais voteront jeudi pour les élections présidentielle et législatives au terme d’une campagne électorale extrêmement tendue, marquée par des violences répétées contre l’opposition.
Mardi matin, la maison de M. Wine, 38 ans, qui fait figure de principal adversaire de M. Museveni, 76 ans, a été selon lui investie par les forces de l’ordre, qui ont arrêté des membres de son personnel.
M. Wine a été arrêté à de nombreuses reprises depuis 2018 et la violence s’est déchaînée contre lui et contre ses supporters lors de la campagne électorale.
Mi-novembre, les forces de l’ordre ont réprimé dans le sang de violentes manifestations déclenchées par une énième arrestation du candidat, faisant au moins 54 victimes.
Des journalistes couvrant l’opposition et des observateurs ont également été empêchés de travailler, suscitant des craintes pour l’équité et la transparence de l’élection.
« Nous appelons tous les compatriotes Ougandais à venir et à voter. Nous continuons à vous appeler à être vigilants et à protéger le vote », a déclaré mardi M. Wine lors d’une conférence de presse à Kampala.
Évoquant la lutte contre le coronavirus, la Commission électorale, accusée par le passé de partialité par l’opposition, a ordonné que les électeurs s’éloignent des bureaux de vote après avoir glissé leur bulletin dans l’urne.
M. Wine, ainsi que deux autres candidats de l’opposition présents – Patrick Amuriat, du Forum pour le changement démocratique (FDC), et Mugisha Muntu, de l’Alliance pour la transformation nationale – ont qualifié cette décision d' »illégale ».
« Nous vous encourageons à utiliser vos téléphones, vos caméras. Votre téléphone est une arme très puissante », a ajouté M. Wine à l’adresse des électeurs.
Lors de précédents scrutins, l’opposition et la société civile ont dénoncé le fait que les résultats nationaux ne reflétaient pas les chiffres des centres locaux de décompte des voix.
Le parti de M. Wine, la Plateforme d’unité nationale (NUP), a lancé la semaine dernière une application destinée à proposer un système de collecte des résultats alternatif, mais son accès était perturbé ces derniers jours.
M. Wine, qui a envoyé début janvier ses enfants à l’étranger pour leur sécurité, a affirmé qu’une « descente » de police avait eu lieu dans sa maison des abords de Kampala mardi matin, au cours de laquelle deux jardiniers ont été « emmenés » et un agent de sécurité « sévèrement battu ».
« Voilà ce qu’est une élection sous le général Museveni. Nous savons qu’en arrêtant les gens sans distinction ils cherchent à intimider les Ougandais », afin qu’ils ne viennent pas voter en nombre, a déclaré M. Wine.
Yoweri Museveni est un ancien guérillero qui a dirigé l’Ouganda sans discontinuer depuis 1986.