Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a nommé lundi un nouveau Premier ministre, Christophe Dabiré, après la démission du gouvernement il y a trois jours au moment où les attaques jihadistes s’intensifient.
Des acteurs de la société et des partis d’opposition demandaient depuis plusieurs mois la démission de plusieurs membres du gouvernement, particulièrement des ministres chargés de la Sécurité et de la Défense nationale, alors que les forces de sécurité burkinabè se montrent incapables de faire cesser les attaques des groupes jihadistes, de plus en plus fréquentes et meurtrières depuis près de quatre ans.
« M. Christophe Joseph Marie Dabiré est nommé Premier ministre », a déclaré à la télévision d’État le secrétaire général du gouvernement, Stéphane Sanou, en lisant un décret présidentiel.
Jusqu’ici commissaire représentant du Burkina Faso à l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), Christophe Dabiré a été ministre sous le régime de l’ex-président Blaise Compaoré, avec Roch Marc Christian Kaboré comme Premier ministre (1994 à 1996).
Il avait dirigé le département de la Santé (1992-1997) puis celui de l’Enseignement secondaire et supérieur et de la recherche scientifique (1997-2000).
Il a également été député à l’Assemblée nationale de 1997 à 2007 sous la bannière de l’ancien parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).
Selon un communiqué de la présidence, « c’est un économiste chevronné et un politique averti qui prend les rênes du gouvernement, à un moment où le dialogue social, la relance économique et les défis sécuritaires s’imposent comme challenges ».
Pour le député d’opposition Alexandre Sankara, cette nomination « a surpris tout le monde parce que M. Dabiré n’était pas du tout sur les tablettes des organes de presses et des observateurs ». C’est aussi « un retour au passé ».
« Il a le profil pour affronter (les) problèmes, « il peut être un bon chef d’orchestre mais attendons de voir le reste des musiciens qu’il va nous proposer », juge M. Sankara.
Me Guy-Hervé Kam, porte-parole du Balai citoyen, un mouvement de la société civile, se montre en revanche sceptique. « Son profil fait douter, un Premier ministre en phase avec le contexte social aurait été plus approprié », estime-t-il, rappelant que c’est lorsque M. Dabiré était ministre de l’Enseignement que ce secteur a connu sa pire crise, en 1999-2000.
La démission du précédent gouvernement, dirigé par Paul Kaba Thiéba, avait été annoncée vendredi soir.
Aucune explication n’a été donnée mais selon des sources proches de la présidence, le président Kaboré souhaitait donner un nouveau souffle à l’action du gouvernement, confronté à des menaces terroristes et à une fronde sociale croissantes, avec des mouvements d’humeur récurrents dans les différents services publics.