Dans les rues de Dakar et un peu partout au Sénégal, la question alimente les débats politiques. Qui de Moustapha Niasse (Alliance des forces du progrès) ou de Ousmane Tanor Dieng (Parti socialiste) sera le candidat de la coalition de Benno Siggil Senegaal à l’élection présidentielle du 26 février 2012 ? Même du côté du pouvoir on s’enquiert fébrilement de la situation dans le camp adverse.
« J’aurais bien voulu avoir un adversaire en face de moi mais, comme il en est ainsi, je prends acte », notait sur un ton railleur le président Abdoulaye Wade, le 9 novembre.
Depuis son rendez-vous manqué du 31 octobre – date initialement prévue pour l’annonc le candidat de « l’unité et du rassemblement » – le comité de facilitation de Bennoo Siggil Senegaal est à pied d’œuvre. Composé de cinq membres, il active ses réseaux et mène discrètement des négociations pour arriver à un consensus par le désistement d’un de deux ténors de l’opposition.
Critère de représentativité
Mais ledit comité bute sur le critère de représentativité qui oppose les deux camps. « Il y a blocage parce que le PS met en avant le critère de représentativité pour demander le désistement de Niasse. Or pour Niasse et son parti, on ne peut invoquer ce critère parce que l’opposition (y compris le PS) avait rejeté les résultats de l’élection présidentielle de 2007 qu’elle estime truquées », confie le leader d’un parti membre de la coalition.
Un argument qui ne convint pas certains observateurs. « Dans les grandes démocraties, l’expérience montre que la construction de la candidature d’une coalition se fait toujours autour du parti majoritaire, explique Abdou Rahmane Thiam, docteur en science politique. C’était le cas en 2000 avec le candidat Abdoulaye Wade ».
Mais le comité de facilitation croit toujours pourvoir trouver un compromis. Il a reçu séparément les états-majors des deux partis les 8 et 9 novembre, sans succès. « Les deux camps sont restés arc boutés sur leur position » regrette le porte-parole de la Ligue démocratique, Moussa Sarr.
Un blocage qui fait craindre l’éclatement de la coalition. D’après l’analyste politique Babacar Justin Ndiaye, Moustapha Niasse est condamné à livrer la bataille électorale de 2012. « Niasse ne saurait passer sa vie à faire des rois, argumente-t-il. En mars 2000, il avait couronné Wade du diadème de ses 17 %. S’il intronise Tanor en 2012, il aura été l’éternel faiseur de rois. Ce qui est politiquement aberrant… »
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