vendredi, novembre 22, 2024
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L'Angola en plein essor investit au Portugal qui s'appauvrit

L'Angola en plein essor investit au Portugal qui s'appauvrit
Les rôles se sont inversés entre l’Angola et le Portugal: l’essor économique de l’ancienne colonie africaine ravagée par une longue guerre civile lui permet désormais de s’intéresser à des acquisitions dans l’ancien pouvoir colonial affaibli par la crise de la dette. Et le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho devrait se transformer en représentant de commerce pour promouvoir les entreprises publiques qu’il entend privatiser, à l’occasion d’une visite à Luanda mercredi.
« Je n’ai pas d’autre exemple d’endroit où ça s’est passé comme ça », analyse Pedro Seabra, un chercheur à l’Institut portugais des relations internationales (IPRIS), à Lisbonne, contacté par téléphone.
« La Tunisie et l’Algérie ont bien des entreprises solides qui opèrent en Europe, mais cela n’a rien à voir avec les investissements de l’Angola que nous voyons au Portugal. Et je suis sûr que nous allons voir beaucoup plus d’achats d’actifs portugais par l’Angola dans un proche avenir », remarque-t-il.
L’économie portugaise devrait se contracter de 2,8% en 2012, tandis que le produit intérieur brut (PIB) de l’Angola, pays riche en pétrole, devrait croître de 12%.
Luanda a de l’argent en caisse, alors que Lisbonne est contrainte de privatiser à tout va, en vertu de son accord passé en mai avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI): elle doit céder tout ou partie de la compagnie aérienne TAP, de Energias de Portugal ou de la banque BPN.
Selon des calculs de l’IPRIS, les investissements angolais au Portugal sont passés de 1,6 à 116 millions d’euros de 2002 à 2009, et 3,8% de la capitalisation de la Bourse de Lisbonne sont désormais passés dans des mains angolaises.

L'Angola en plein essor investit au Portugal qui s'appauvrit
Pedro Passos Coelho qui a passé une partie de son enfance à Luanda où sont père fut docteur, doit passer une journée en Angola. Il doit y rencontrer le président José Eduardo dos Santos et des hommes d’affaires portugais.
Le chef du cabinet du président angolais, Carlos Feijo, a confirmé que le programme de privatisations portugais serait au programme.
« réciprocité bonne pour les deux pays »
« Beaucoup d’Angolais ont des intérêts commerciaux au Portugal, mais aussi beaucoup de Portugais sont ici à Luanda pour faire des affaires, donc je dirais que c’est une réciprocité qui est bonne pour les deux pays », a-t-il indiqué à l’AFP.
La fille de M. dos Santos, Isabel, a beaucoup dépensé dans l’ancienne puissante coloniale, comme l’a fait le puissant groupe pétrolier Sonangol, mais l’identité de nombreux autres investisseurs au Portugal reste cachée, ce qui rend difficile à cerner l’importance véritable des sommes en jeu.
« Ces opérations sont très opaques et nous savons rarement qui est vraiment derrière elles, ou d’où vient l’argent », remarque Pedro Seabra.
« Bien sûr, cela rend assez inquiets les gens au Portugal, et je crois que plus il y aura d’argent venu d’Angola, plus il y aura de questions posées. »
Des entreprises telles que Sonangol ont plusieurs milliards de dollars inexpliqués dans leurs livres de compte, selon l’ONG anti-corruption Global Witness.
« Les Portugais devraient se poser des questions sur l’origine de cet argent » investi chez eux, avance l’activiste anti-corruption angolais Rafael Marques.
« S’ils ne posent pas ces questions, ils risquent de voir le Portugal devenir une laverie automatique de gains mal acquis par l’Angola. »
Des acteurs du développement aimeraient en outre que les entreprises angolaises investissent davantage dans leur propre pays, où l’on estime que les deux tiers de la population vivent avec moins de 2 dollars par jour.

AFP

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