Les Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet-8 août) tentent d’établir une référence en matière de bonnes pratiques environnementales au Japon, un pays jusqu’à récemment peu sensible aux enjeux du climat et du développement durable, en dépit de son économie avancée.
Bien malgré eux, les organisateurs ont reçu un coup de pouce de la pandémie qui les a notamment forcés à renoncer à accueillir des spectateurs, avec moins d’émissions de CO2 à la clé.
Voici quelques chiffres marquants du programme environnemental des JO.
. 2,73 millions de tonnes de CO2
C’est la dernière estimation officielle de l’empreinte carbone des Jeux de Tokyo, mesurée sur un vaste périmètre d’après une méthodologie utilisée pour la première fois lors des JO de Londres-2012.
C’est un peu plus que les émissions annuelles d’un pays comme le Monténégro (plus de 600.000 habitants).
A eux seuls, les travaux de construction ou de rénovation des infrastructures olympiques ont représenté 1,5 million de tonnes de CO2.
Les spectateurs – surtout ceux qui étaient censés venir de l’étranger, et donc par avion – devaient être l’autre grand « poste » de pollution des Jeux. Quelque 630.000 billets devaient ainsi être vendus hors du Japon initialement.
Mais comme le huis clos a été imposé du fait de la persistance de la pandémie, l’impact final des JO de Tokyo en termes de CO2 devrait être sensiblement plus faible.
Dans leur rapport de développement durable actualisé la semaine dernière, les organisateurs des Jeux estiment que le total des émissions de CO2 va baisser d’environ 340.000 tonnes du fait de l’interdiction des spectateurs de l’étranger.
Leur objectif actuel représenterait déjà un progrès par rapport à Rio-2016 et Londres-2012. Paris-2024 s’est cependant fixé un objectif plus ambitieux (1,5 million de tonnes de CO2).
Tokyo-2020 s’est engagé à « compenser » intégralement ses émissions de CO2 et même au-delà, via l’achat de crédits carbone équivalant à 4,38 millions de tonnes de CO2. Ces crédits ont été émis par des acteurs à Tokyo et dans le département voisin de Saitama finançant des projets locaux contribuant à la réduction des gaz à effets de serre.
Le principe de la compensation carbone est toutefois critiqué par des organisations environnementales. Elles accusent ceux qui y ont recours de s’acheter une bonne conscience.
Il est par ailleurs souvent difficile de garantir l’additionnalité d’un projet environnemental, c’est-à-dire le fait qu’il n’aurait pas pu voir le jour sans la vente de crédits carbone.
. 100% d’électricité « renouvelable »?
Les organisateurs visent 100% d’électricité d’origine renouvelable sur les sites olympiques durant les Jeux.
Mais en réalité, seulement 30-35% de l’électricité doit directement provenir d’énergies renouvelables (biomasse et solaire), a expliqué à l’AFP un porte-parole de Tokyo-2020.
Le reste doit être atteint en recourant à des certificats d’électricité verte, garantissant qu’une quantité équivalente d’énergie propre a été injectée dans le réseau, ou que des économies d’énergie équivalentes ont été réalisées via des travaux de rénovation énergétique chez des particuliers à Tokyo.
. 99% du matériel réutilisé ou recyclé
Tokyo-2020 veut s’assurer que 99% des biens spécifiquement fournis pour les Jeux seront réutilisés ou recyclés après les JO.
Ces équipements sont toutefois limités: il s’agit essentiellement du mobilier du Village olympique, du mobilier de bureau et des appareils informatiques.
Pour le réemploi des biens, l’objectif doit être atteint grâce notamment à des contrats de location.
Certains objets ont été spécifiquement conçus pour être recyclés après les Jeux, comme les lits du Village olympique dont les sommiers sont en carton renforcé.
. 65% des déchets réutilisés ou recyclés
Comme quasiment toutes les épreuves des « Jeux de la pandémie » se dérouleront à huis clos, la gestion des déchets sur les sites devrait être beaucoup plus simple que ce qui était prévu au départ.
Les organisateurs ont toutefois laissé inchangé leur objectif de réutiliser ou recycler 65% des déchets produits durant les JO.
Les rares spectateurs seront priés de trier rigoureusement leurs ordures sur les sites olympiques, entre bouteilles en plastique PET (recyclables), plastiques divers, papier-carton, liquides résiduels et déchets alimentaires.
Les déchets non réutilisables ou recyclables devront être convertis en énergie par traitement thermique.
Tokyo-2020 compte aussi limiter le recours aux plastiques à usage unique (emballages, couverts…), dont le Japon est encore très friand, malgré la tendance mondiale à bannir progressivement ces produits.