vendredi, novembre 22, 2024
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Violences à la fin du ramadan à Kinshasa: 30 condamnations à mort

Trente personnes ont été condamnées à mort en République démocratique du Congo (RDC) pour leur participation aux violences contre la police ayant marqué jeudi la fin du ramadan à Kinshasa, la capitale, a-t-on appris de sources judiciaires.

Le verdict a été prononcé au petit matin samedi dans le procès en flagrance tenu depuis vendredi à Kinshasa, selon un enregistrement dont l’AFP a eu copie. Un avocat des parties civiles, Me Chief Tshipamba, a confirmé à l’AFP ces trente condamnations à la peine capitale.

Les charges retenues sont: association de malfaiteurs, rébellion, coups et blessures volontaires, ainsi que tentatives de meurtre pour certains des condamnés.

Un prévenu a été condamné à cinq ans de prison pour rébellion, et cinq autres ont été acquittés, tandis que le tribunal s’est déclaré incompétent concernant le cas de plusieurs mineurs.

Régulièrement prononcée, notamment dans les affaires impliquant les groupes armés dans l’est du pays, la peine de mort n’est plus appliquée en RDC depuis un moratoire décidé en 2003, et systématiquement commuée en condamnation à la perpétuité.

Jeudi, de violents heurts avaient éclaté entre fidèles musulmans se disputant l’accès au stade des Martyrs, le grand stade de la capitale, pour y organiser la prière officielle de clôture du ramadan. Les protestataires s’en étaient pris en particulier à la police présente sur les lieux pour encadrer la cérémonie.

Un premier bilan officiel faisait état d’un policier tué, dont les images ont largement circulé sur les réseaux sociaux. Une policière est entre la vie et la mort, affirment désormais les autorités, tant que 46 autres policiers ont été blessés, dont huit sont dans un état critique. Une dizaine de véhicules de la police ont été endommagés, dont l’un complètement incendié.

Le compte-rendu du Conseil des ministres a également fait état samedi « du décès d’une dame de 81 ans » à l’hôpital suite « à ces tristes événements ».

Trente-huit personnes ont été interpellées sur les lieux des violences et jugées en comparution immédiate à partir du lendemain au Tribunal de grande instance de la commune de la Gombe, dans le centre de Kinshasa. Retransmise toute la journée en direct à la télévision publique, l’audience a duré jusqu’au petit matin samedi.

La communauté islamique de RDC connaît une crise de succession depuis quelques années entre les deux factions rivales au sein de l’unique association représentant les fidèles, la Comico (Communauté islamique du Congo). Les tensions sont récurrentes entre les deux groupes, qui en viennent parfois aux mains.

« Il s’agit d’un conflit persistant de leadership entre deux ailes de la Comico », a confirmé le Conseil des ministres. « Malgré l’implication du gouverneur de la ville à la veille de la célébration, les deux camps n’ont pas pu s’accorder », a regretté le Conseil des ministres.

Revendiquant 10% de la population, cette communauté est majoritairement implantée dans les régions de l’est du pays.

La célébration de l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan, est traditionnellement l’occasion de grandes réjouissances pour les musulmans de Kinshasa, qui envahissent à coups de klaxons et rassemblements festifs des places publiques et des grandes artères de la capitale congolaise.

Interrogé jeudi par l’AFP devant le grand stade, un fidèle assistant impuissant aux violences, Papy Okitankoyi Kimoto, avait jugé « désolant de faire un mois de carême juste pour en arriver à voir ces scènes de guérilla de rue comme ça… ».

Les images de ces incidents, ainsi que celles des policiers blessés pris en charge dans les hôpitaux, ont suscité l’émoi des autorités, qui ont appelé les leaders religieux à la responsabilité. Des responsables du stade des Martyrs ont par ailleurs été suspendus par le ministre des Sports, Serge Chembo Nkonde.

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