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Invité du Mois Sylvain Ngakoutou Patassé «Les Centrafricains souhaitent dans leur ensemble un changement profond pour la RCA»

La prochaine élection présidentielle, prévue le 27 décembre 2020 en République Centrafricaine, réservera-t-elle des surprises ? Elle pourrait en tout cas voir sur la ligne de départ la présence de Sylvain Ngakoutou Patassé qui nourrit de réelles ambitions. Mieux, ses ambitions sont claires : occuper le palais de la Renaissance et reconstruire son pays.

Diasporas-News : Fils de l’ex-président Ange-Félix Patassé et expert évaluateur en diamants de profession, vous êtes officiellement dans l’arène politique centrafricaine depuis 2014 avec le parti Centrafrique-Nouvel Elan (C.A.N.E). Que répondez-vous à tous ceux qui vous présentent encore comme un novice en politique ?

Sylvain Ngakoutou Patassé : Je préfère  aujourd’hui être considéré comme un novice face au bilan catastrophique de gestion de la chose publique par les hommes politiques, soit disant expérimentés, 60 ans après l’indépendance.

6 années se sont écoulées entre 2014 (mon entrée en politique) et 2020. J’ai forcément, pendant tout ce temps, acquis  de l’expérience en tirant les leçons des échecs du passé.

Ce qu’il faudrait retenir, c’est que je n’ai point besoin de faire un retour sur expérience pour pouvoir agir pour mon pays. Je veux humblement travailler à apporter des solutions pour le retour d’une paix durable permettant d’amorcer un développement durable de la RCA.

D-N: Vous fréquentez les zones les plus reculées du pays pour tisser votre toile depuis plusieurs mois, Centrafrique Nouvel Elan gagne-t-il des cœurs ?

S.N.P: Effectivement en Centrafrique, aucune zone n’est une terra incognita pour moi. En ma qualité d’Hommes d’affaires, j’ai sillonné tout le pays dans le cadre de mes activités. La simplicité de ma vie dans ses zones rurales, m’a rapproché des populations.

Mon entrée en politique en 2014, n’y a rien changé et constitue au contraire un énorme atout pour moi.

Je ne peux résister à cette pression d’aller toujours dans ces zones reculées afin de rester en contact avec les populations et leur apporter du réconfort.

J’aime rencontrer les gens en général et cela me conforte dans  mon ambition et ma volonté de jouer un rôle décisif pour l’avenir de mon pays. Lors de ces différents déplacements, j’échange énormément avec les compatriotes qui de plus en plus me mettent la pression pour que j’annonce officiellement et rapidement ma candidature, et j’estime pour cela et à juste titre que Centrafrique Nouvel-Elan a pris le contrôle des cœurs, pour reprendre votre expression, et continue de monter en puissance.

D-N: A l’instar de Désiré Kolingba ou encore Jean-Serge Bokassa, tous fils d’ex-présidents centrafricains et désireux de reprendre le flambeau familial en dirigeant à leur tour la Centrafrique, n’essayez-vous pas de surfer sur l’héritage de votre géniteur ?

S.N.P: Je ne m’inscris pas dans cette logique car j’estime, comme dirait quelqu’un, que l’élection présidentielle c’est la rencontre d’un homme et d’un peuple.

Il est vrai que je porte un nom que j’assume avec fierté, mais je suis entré en politique par conviction face à la situation chaotique que vivent les populations centrafricaines depuis plusieurs années.

Je souhaite proposer une offre politique qui rompt avec les pratiques de la classe politique actuelle en fin de cycle

D-N: Témoins des heures plus sombres de la Centrafrique, comment se porte aujourd’hui le pays ? Quelle est la situation sécuritaire ?

S.N.P: Trois  (03) décennies de troubles politico-militaires ayant mis à mal l’ensemble du système politico administratif de la République Centrafricaine s’est traduit par le contrôle de plus de 50 % du territoire national par des groupes armés qui commettent des violations massives des droits de l’Homme sur les populations abandonnées à elles mêmes.

Malgré la tenue d’un dialogue ayant abouti à l’Accord Politique pour la paix et la réconciliation signé à Bangui, le 06 février 2019, la situation sécuritaire est malheureusement toujours dominée par la présence très active des groupes armés sur la majeure partie du territoire empêchant toutes activités dans ces zones.

D-N: La gestion de l’actuel président Faustin Touadera vous convient-elle ?

S.N.P: Ce n’est pas à moi de juger la gestion du Président Touadera. Le moment venu il présentera son bilan au peuple centrafricain qui appréciera.

Ce que je sais cependant, c’est qu’après 5 années d’exercice du pouvoir par le régime actuel, même quelques progrès sont à signaler, le tableau reste sombre tant au plan politique, économique que social.

D-N: Trouvez-vous sa riposte contre le coronavirus à la hauteur ?

S.N.P: Le plan de riposte contre le Covid-19 mis en place par le gouvernement n’a en réalité pas été suivi d’effet. Heureusement que le virus s’est retrouvé face à une population immunisée du fait d’avoir expérimenté de nombreuses maladies infectieuses, comme le paludisme particulièrement, malgré un système de santé défaillant.

Il n’en demeure pas moins que l’impact socio-économique de la pandémie reste désastreux.

D-N: L’adhésion des centrafricains autour de votre slogan « Unis dans un nouvel élan pour reconstruire la RCA » est-elle totale et quelles seront vos priorités si vous êtes élu en décembre 2020

S.N.P: Comme je le disais plus haut, la population centrafricaine constituée à majorité de jeunes est lassée des errements de cette classe politique en fin de cycle et souhaite un nouvel élan qui devrait se traduire par le renouvellement de la classe politique. Et c’est cette logique qui transparait dans mon slogan de campagne.

La priorité des priorités sera le rétablissement de la sécurité sur toute l’étendu du territoire et la bonne gouvernance, pour nous permettre d’amorcer avec sérénité le développement économique et le progrès social. 

D-N: Un important Accord a été signé le 14 mai 2020 et une nouvelle plateforme politique entre plusieurs partis centrafricains de la majorité présidentielle, réunis autour du Mouvement Cœurs Unis (MCU), est née. Malheureusement, Centrafrique Nouvel Elan (CANE), votre parti, n’y fait pas partie. Explications ?

Sylvain Ngakoutou PATASSÉ

S.N.P: Nous avions effectivement été approchés par la direction du parti présidentiel, le MCU, qui nous proposait de rejoindre la plateforme politique qu’elle envisageait de créer. Un projet d’accord politique nous avait été soumis à cet effet.  Nous avons en retour fait parvenir au parti présidentiel nos observations sur ledit document. N’ayant reçu aucune réponse à nos préoccupations, nous nous sommes tout simplement abstenu d’adhérer à cette plateforme. Il n’y a aucune autre explication que celle-ci.

D-N: De grosses têtes politiques centrafricaine sont annoncées candidates au prochain scrutin présidentiel telles l’actuel président Faustin-Archange Touadera et les anciens Catherine Samba-Panza, François Bozizé…Quelles sont vos chances face à ces dinosaures ?

S.N.P: L’élection présidentielle, c’est la rencontre d’un homme et d’un peuple. Rien n’est à priori joué d’avance. Les Centrafricaines et les Centrafricains souhaitent dans leur ensemble un changement profond pour la RCA et ce changement devrait se traduire surtout par le renouvellement d’une classe politique arrivée en fin de cycle. Ma candidature soutenue par une jeunesse désabusée s’inscrit dans cette logique. Ce qui est sûr c’est que cette élection présidentielle est totalement ouverte à condition, bien entendu, qu’elle soit réellement libre et transparente. 

D-N: A quelques jours des élections présidentielles, quelles sont les grandes lignes de votre programme pour la RCA ?

S.N.P: Ce que je propose à mes compatriotes, c‘est de reconstruire ensemble une nouvelle société centrafricaine. Une société décomplexée, affranchie des faiblesses et égarements du passé et qui aborde l’avenir avec détermination et confiance.

Cette vision se fonde sur une conviction profonde selon laquelle aucune intervention de reconstruction au niveau macro ne pourra efficacement se mettre en place sans l’adhésion de la population qui, elle-même, dépend d’un tissu social soudé, puisque les conflits peuvent éclore sans que la population les soutienne, mais il ne peut advenir de paix sans une population convaincue par l’intérêt de vivre ensemble en bonne entente. En Centrafrique, il est question de reconstruire les « liens sociaux », c’est-à-dire la promotion du vivre-ensemble.

Les axes stratégiques de mon programme politique et les mesures qui s’y attachent constituent des réponses que mon parti, Centrafrique Nouvel Elan (CA-NE), entend apporter aux problèmes de la République Centrafricaine au cours des cinq années à venir.

Les directives qui permettront d’atteindre les fins immédiates visées par mon programme politique sont organisées autour de quatre axes stratégiques comportant 60 mesures phares :

Axe 1 : Sécurité et Gouvernance ;

Axe 2 : Développement Économique et Progrès Social ;

Axe 3 : Amélioration de la « Capabilité » des Citoyens ;

Axe 4 : Environnement et Désenclavement

Réalisé par Thomas DE MESSE ZINSOU, paru dans le Diasporas-News n°118 d’Octobre 2020

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