vendredi, novembre 22, 2024
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Malawi: vainqueur de la nouvelle présidentielle, le chef de l’opposition prête serment

Le chef de l’opposition malawite Lazarus Chakwera a prêté serment dimanche comme chef de l’Etat et appelé à l’unité, au lendemain de sa victoire à la présidentielle organisée à la suite de l’annulation de la réélection en 2019 du sortant Peter Mutharika.

« Je jure solennellement de remplir les fonctions de président de la République du Malawi et de préserver et défendre la Constitution », a déclaré M. Chakwera lors d’une cérémonie à Lilongwe, la capitale de ce petit pays d’Afrique australe.

Le vice-président Saulos Chilima, qui avait rompu avec M. Mutharika et s’est allié au chef de l’opposition, a également prêté serment en tant que vice-président.

Le Malawi est le deuxième pays d’Afrique subsaharienne à avoir annulé une élection présidentielle, après le Kenya en 2017. Mais le premier au cours duquel le nouveau scrutin voit la défaite du sortant.

Plus de 4 millions d’électeurs ont voté mardi pour la deuxième fois en un an, après l’annulation de la réélection de M. Mutharika en mai 2019 en raison de fraudes massives.

Au terme de quatre longues journées de dépouillement, le président de la Commission électorale (MEC) Chifundo Kachale a confirmé la large victoire de M. Chakwera, ancien pasteur évangéliste de 65 ans, avec 58,57% des suffrages.

Il devance Peter Mutharika, 79 ans, au pouvoir depuis 2014, de plus de 800.000 voix.

Une foule en liesse a salué cette prise de fonctions par des chants et des cris de joie.

– « Désir de changement » –

« C’est incroyable, parce que cet exploit semblait impossible il y a simplement un mois », s’est enthousiasmée Christina Nkosi, partisane de l’opposition.

Mary Kaponda, infirmière à la retraite de 70 ans, lui a fait écho en affirmant avoir « attendu trop longtemps cette aurore ».

Se disant « empli d’une joie indescriptible », le nouveau président a remercié ses concitoyens: « c’est un honneur forgé au creuset de votre désir et de votre aspiration au changement ».

Dans un discours sur la place de la Liberté de Lilongwe, M. Chakwera s’est engagé à rétablir « la confiance dans la possibilité d’avoir un gouvernement au service » de la population, mais aussi à être le président de tous les Malawites.

« Beaucoup d’entre vous n’ont pas voté pour moi (…) et peut-être que la perspective de ma présidence suscite chez vous de la crainte », a-t-il lancé.

« Mais (…) le Malawi est votre pays aussi (…) donc, tant que je serai son président, vous aussi vous épanouirez », leur a-t-il assuré.

Message reçu, malgré la déception, par Tay Grin, partisan du président sortant: « nos choix politiques sont peut-être différents mais nous restons unis parce que nous savons que l’amitié est bien plus importante ».

Le nouveau président a fait campagne en dénonçant l’échec économique et la corruption du régime de M. Mutharika.

Le chef de l’Etat sortant ne s’est pas exprimé depuis la proclamation de sa défaite samedi, mais quelques heures auparavant il avait dénoncé des irrégularités lors du vote.

Son Parti démocratique progressiste (DPP) avait lui exigé l’annulation pure et simple des résultats, faisant état d’intimidations et de violence contre ses scrutateurs, laissant augurer d’une nouvelle bataille devant la justice.

Mais la MEC a rejeté ces allégations. Et des analystes politiques interrogés par l’AFP se sont dits très sceptiques sur l’éventualité d’une troisième élection.

Lors du scrutin disputé de mai 2019, la MEC avait proclamé la victoire de Peter Mutharika, avec 38,57% des suffrages contre 35,41% à Lazarus Chakwera.

Mais le chef de l’opposition avait contesté ces résultats et ses partisans étaient descendus dans la rue pendant plusieurs mois pour obtenir l’annulation du scrutin. Leurs manifestations avaient été le théâtre de violences avec les forces de l’ordre.

En février 2020, la Cour constitutionnelle a finalement donné raison à l’opposition en invalidant les résultats pour cause « d’irrégularités généralisées et systématiques », parmi lesquelles l’usage de correcteur liquide sur les procès-verbaux de résultats, et en ordonnant la tenue d’un nouveau scrutin.

Plusieurs dirigeants et personnalités du continent ont félicité dimanche le nouveau président malawite, parmi lesquels le président sud-africain et président en exercice de l’Union africaine Cyril Ramaphosa qui a félicité « le peuple du Malawi pour ces élections pacifiques », ou le président kényan Uhuru Kenyatta.

L’ancien Premier ministre kényan Raila Odinga, défait par le sortant Uhuru Kenyatta lors de la présidentielle annulée puis réorganisée au Kenya en 2017 a de son côté dans un tweet « complimenté le président sortant Peter Mutharika pour avoir créé un environnement favorable à un transfert paisible et pacifique du pouvoir ».

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