La France « attend des actes » du président congolais Denis Sassou Nguesso envers son opposant Jean-Marie Michel Mokoko, incarcéré depuis mi-2016 et condamné à 20 ans de prison, a annoncé mardi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
« Je lui ai parlé de M. Mokoko et d’autres personnes en lui disant qu’on attendait de sa part des actes », a déclaré M. Le Drian devant l’Association de la presse diplomatique, à l’issue d’une rencontre à Paris avec le président congolais de 76 ans, dont 35 à la tête de l’Etat.
« Je le lui ai dit avec fermeté et je pense que le président de la République lui dira la même chose », a ajouté le chef de la diplomatie française.
M. Sassou a eu son premier entretien bilatéral avec son homologue français Emmanuel Macron, lors d’un déjeuner de travail portant notamment sur la protection de la forêt et de la biodiversité du bassin du Congo, selon la présidence.
Lors de ce premier tête-à-tête, le Congo a réitéré son soutien à l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI), un partenariat lancé en 2015 par la Norvège.
Doté d’environ 60 millions d’euros, ce partenariat vise à aider six pays de la région (RDC, Gabon, Congo, Cameroun, Centrafrique et Guinée Equatoriale) qui abritent la deuxième plus grande forêt tropicale du monde après l’Amazonie.
En échange d’une aide financière, le Congo s’est engagé à mettre en place un plan de protection de la forêt, de la biodiversité et des tourbières, ont indiqué la présidence française et un responsable congolais.
Greenpeace a sonné l’alarme la semaine dernière, réclamant des mesures contre les milliers de feux recensés en Angola et RDC depuis le 21 août.
Greenpeace a demandé en juillet « l’annulation de tous les blocs pétroliers dans la forêt humide de la République du Congo ». Les tourbières de cette forêt humide stockent 30,6 milliards de tonnes de carbone, soit trois fois la production mondiale annuelle de CO2, selon l’ONG, qui s’appuie sur des recherches de l’Université de Leeds.
Selon Greenpeace, le Congo Brazzaville a ouvert à des appels d’offre d’exploration des blocs onshore situés dans la région de la Cuvette centrale congolaise, dont certains recouvrent totalement ou partiellement ces zones de tourbières et non leur périphérie comme l’affirme le président Sassou Nguesso.
La dernière visite à l’Elysée du président congolais remonte à mai 2018, comme représentant de l’Union africaine (UA) pour la Libye à une réunion internationale sur la crise libyenne.
Au pouvoir depuis 1979 au Congo – à l’exception d’une parenthèse de cinq années qu’il a refermée par un coup d’Etat -, Denis Sassou Nguesso, a été réélu en 2016 lors d’un scrutin dénoncé par l’opposition.
Cette dernière a réclamé samedi à Brazzaville la libération de deux anciens candidats à la présidentielle de 2016, Jean-Marie Michel Mokoko (72 ans) et André Okombi Salissa (58 ans), avant la tenue de la présidentielle de 2021.
Les deux opposants, qui contestaient la légitimité de la réélection de Denis Sassou Nguesso, ont été respectivement jugés en 2018 et 2019 et condamnés à 20 ans de travaux forcés chacun pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » et « détention illégale d’armes et munitions de guerre ».