jeudi, novembre 21, 2024
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Dans l’est de la France, des réfugiés africains confiants dans leur avenir

Son avenir en France, Mahamat le voit « bien ». Arrivé en janvier, ce Centrafricain de 21 ans s’apprête à s’installer avec sa famille dans l’est du pays, après quatre mois passés dans un couvent qui accueille des réfugiés d’Afrique subsaharienne à leur arrivée.

Assis sur un lit superposé du couvent de Thal-Marmoutier, le jeune homme, resté cinq ans dans un camp de réfugiés au Tchad, se sent « à l’aise ici » et n’a « pas peur » pour la suite.

La suite, c’est l’emménagement dans un appartement avec sa famille en Alsace. Et la recherche d’un emploi. Mahamat est allé à la mission locale « voir les métiers qui existent en France » et veut se diriger vers « l’industrie ».

Depuis décembre 2017, le couvent de Thal-Marmoutier, qui n’abrite plus que six soeurs franciscaines âgées, accueille des réfugiés d’Afrique subsaharienne sélectionnés par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) dans des camps au Tchad et au Niger, dans le cadre de l’engagement de la France d’accueillir 3.000 réfugiés ayant transité par ces pays d’ici à fin 2019.

Ce centre « est un premier sas d’entrée dans notre pays de manière à leur offrir les meilleures chances d’une intégration durable », a souligné jeudi Joël Dubreuil, sous-préfet de Saverne, à l’occasion d’une visite du couvent, organisée pour la Journée mondiale des réfugiés.

Les réfugiés arrivent à Thal-Marmoutier par groupe de 55 et restent quatre mois, avant de s’installer dans des logements individuels.

– « Mécanisme accéléré d’intégration » –

Les deux dernières familles encore au couvent vont partir d’ici quelques jours et dans une semaine arrivera un nouveau groupe de 55 personnes.

« C’est un mécanisme accéléré d’intégration pour une population qui a besoin d’une aide soutenue », explique Thomas Zimmermann, directeur de l’association France Horizon Alsace, qui gère le centre financé par le Fonds Asile Migration Intégration de l’Union européenne.

Au début, le projet a fait grincer quelques dents dans ce village de 800 âmes, mais « cela s’est vite dissipé et maintenant cela se passe très bien », assure le maire de Thal-Marmoutier, Jean-Claude Distel, évoquant « un gros élan de solidarité ». Il y a plusieurs mois, des inscriptions racistes et des croix gammées ont néanmoins été tracées sur les murs de la mairie et de son domicile.

Dans leur salle de classe, Aïcha, 5 ans, et Abdou, 4 ans, sont concentrés à dessiner les boucles de la laine d’un mouton. « Sur ces quatre mois, on essaie de leur donner le lexique nécessaire pour qu’ils puissent ensuite intégrer des classes ordinaires », explique leur enseignante Sylviane Zins.

Mohammed, 2 ans, joue avec une employée de France Horizon, pendant que, dans une autre salle, sa mère suit un cours de français. « Comment s’appelle le savon pour se laver les dents? », demande Francis, un bénévole. Vocabulaire de la vie courante et décryptage d’offres d’emplois sont au programme de la matinée.

– « Très bien ici » –

Pendant leur passage, les réfugiés sont suivis par une médecin généraliste, qui fait des consultations bénévoles, et une infirmière.

Originaires d’Ethiopie, du Soudan de Centrafrique, d’Erythrée, du Mali, de Somalie, du Niger et de Libye, 213 personnes sont désormais passées par le centre.

Haroun Hissen se souvient très bien de son arrivée à Thal-Marmoutier en janvier 2018: il neigeait ! Ce Centrafricain de 34 ans est maintenant installé dans le département du Haut-Rhin et a un contrat aidé d’animateur éducatif socio-culturel et de traduction. « Je me sens très bien ici » en France, raconte celui qui espère que sa femme, encore en Afrique, puisse le rejoindre.

Pour Isaac aussi, un Soudanais de 27 ans arrivé en mai 2018 avec sa soeur, « cela s’est bien passé ». Installé à Strasbourg, il poursuit son apprentissage du français et travaille dans une entreprise d’insertion.

« Les débuts, c’est dur: le froid, la nourriture à laquelle on n’est pas habitué. Maintenant on est habitué », explique en français Boubakari Chaiobou, la mère de Mahamat, arrivée avec sept de ses enfants, sa soeur et une nièce, dont la mère a été tuée pendant la guerre.

L’évocation de la Centrafrique assombrit instantanément son visage. « Là-bas, je n’ai plus de place. Ce que l’on a vu là-bas, non », souffle-t-elle.

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