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Invité du mois : Miss Biot « J’attends des propositions concrètes de la Mairie»

Un litige oppose depuis un certain temps une française d’origine ivoirienne, Miss Biot  bien connue dans la diaspora ivoirienne à la mairie de Noyon (Picardie) au sujet d’un bâtiment mis en vente par la famille du propriétaire. Pour en savoir davantage sur ce conflit foncier, la concernée nous a approché pour nous dire sa part de vérité.

Diasporas News : Pour nos lecteurs, pouvez-vous brièvement vous présenter ?

Miss Biot : Bonjour à tous, je m’appelle Yolande Biot à l’état civil mais je suis connu généralement sous le surnom de Miss Biot. Je suis une opératrice économique depuis plus de vingt ans en France dans le secteur de l’import de produits exotiques en provenance d’Afrique. Et depuis 2012, j’ai décidé de m’installer  dans la commune de Noyon où je continue d’exercer mes activités.

D.N : Quelle est la nature du problème qui vous oppose à l’actuelle municipalité de Noyon ?

M.B : Depuis 2012, j’avais loué un local pour mes activités (centre Culturel Africain) au 14 Aristide Briand au centre-ville en face du théâtre. C’est un ancien café. Il m’a été conseillé de rencontrer la mairie afin de m’aider pour  mes différents projets et financer mon enseigne à 50%. J’ai effectué cette démarche auprès de la mairie et j’ai travaillé pendant plusieurs semaines avec le service économique. Et j’ai été informé de l’intérêt de la mairie sur le local que j’occupais déjà. La mairie a fait un droit de préemption sur ce local. Et je suis parti de ce lieu pour un autre local qui est celui du 17 rue saint Eloi. Pendant tout ce temps, je fais mon commerce dans ce nouveau local avec l’accord de l’ancien propriétaire. Entre temps, l’ancien propriétaire de mon nouveau local est décédé. Son fils m’a proposé le local à 110.000 euros devant notaire. Nous avons signé. Les documents administratifs arrivent chez  monsieur le maire qui me convoque. Plutôt qu’un accord à l’amiable, encore une fois de manière brutale, le maire a voulu user du droit de préemption pour me déposséder du local. J’ai alors fait un malaise à la Mairie qui a nécessité l’intervention des pompiers qui m’ont conduit à l’hôpital. Depuis un an, je suis l’objet d’un harcèlement, d’un acharnement, qui ne dit pas son nom. On essaie de me faire partir de Noyon. Le 29 mars dernier  le maire explique au conseil municipal, au peuple Noyonnais qu’il a acheté ce lieu «  pour ne plus qu’il y ait des marginaux, des bandits ». J’ai saisi le tribunal administratif. Mes clients ne sont pas des marginaux ; lui-même le maire était passé chez moi ici avant que le litige ne s’aggrave, est ce qu’il est un marginal ?  Le Courrier picard (ndlr Journal régional) m’a reçu ici. J’ai montré ces photos. Il traite mon local de lieu de prostitution, de drogue. J’ai eu plusieurs  fois des contrôles de la Douane avec des  chiens, la Gendarmerie. Ils n’ont rien trouvé. On m’a même accusé de « travail dissimulé » pour me créer des problèmes. Il y a certainement des personnes sur cette rue Saint Eloi qui méritent d’être contrôlées comme le patron du café-bar La  Payotte qui se vante d’avoir demandé au maire de me déloger d’ici. Ils le savent. Mais ce n’est pas certainement pas chez Miss Biot.

D.N : Quelles sont les voies de résolution  pour ce litige ?

M.B : J’ai fait une contestation du document municipal au sujet de la préemption du local du 17 rue saint Eloi auprès du tribunal administratif d’Amiens. Puisque selon la lettre que j’ai reçue, j’ai deux mois pour  contester le droit de préemption du maire. J’attends les décisions du tribunal qui va certainement convoquer le maire et moi. J’ai appris que ce lieu avait servi lors de sa campagne en 2008. Je peux comprendre qu’il puisse vouloir ce local pour les élections prochaines mais cela peut se négocier.  Je souhaite que ce problème trouve une issue à l’amiable dans nos intérêts respectifs. Je ne suis pas favorable à ce que cela perdure davantage. J’attends des propositions concrètes. Vous voyez, sur ce lieu, j’ai mon commerce en bas et je dors juste au-dessus  (ndlr elle me le montre).

D.N : Qu’attendez-vous de la  Mairie ?

M.B : Tout ce que je demande à monsieur le Maire, c’est d’être conciliant. Il est la première personnalité de la ville de Noyon. De la même manière, il a su traiter le problème avec le cordonnier  à la rue du général de Gaulle, je souhaite qu’on puisse trouver un terrain d’entente .Vous savez, j’aspire à faire mon commerce simplement en toute légalité comme tout commerçant. Ce lieu a une valeur affective pour moi compte tenu des liens particuliers que j’ai eu avec «Papy Hugo». C’est ici que je me suis occupé de lui pendant près de huit ans  jusqu’à sa mort. C’est comme un deuxième père pour moi. Son fils a respecté son vœu en voulant me céder ce local. Pour un local, je ne peux pas continuer à être persécutée. Il y a des locaux municipaux qui sont vides qui peuvent être mis en valeur. Je paye mes impôts, mes taxes et charges. Mon entreprise souffre  de cette tracasserie. Si cela est possible, que la mairie me propose un local pour continuer mes activités commerciales et un logement, un pavillon pour ma famille.

Propos recueillis par Boni Félix NIANGORAN

Encadré :
 Dialogue impossible ou fin de dialogue?

Miss Biot avec M. le Maire de Noyon

Au moment où nous nous étions prêt à mettre sous presse, Madame Biot nous a informé de la réception d’une lettre de mise en demeure de quitter l’immeuble du 17 rue Saint Eloi par la mairie de Noyon au plus tard le 15 mai.

Avec le contenu de cette missive dont nous avons eu connaissance, nous nous interrogeons si les portes du dialogue entre les deux parties ne sont elles pas entrain de se fermer définitivement. Attendons pour voir.

BFN, Paru dans le Diasporas-News n°106 Mai 2019

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