Le chef religieux musulman sénégalais Cheikh Bethio Thioune est décédé mardi en France, où il était soigné, au lendemain de sa condamnation à 10 ans de travaux forcés pour « complicité » dans le meurtre par des disciples en 2012 de deux d’entre eux, a-t-on appris auprès d’un de ses avocats.
« On m’a confirmé le décès de Cheikh Bethio Thioune survenu aujourd’hui mardi en France », a déclaré à l’AFP Me Mouhamadou Moustapha Dieng, confirmant une information de plusieurs médias sénégalais.
L’avocat était membre du collectif de défense du guide religieux, né en 1940, à son procès du 23 avril au 2 mai, au cours duquel 19 de ses fidèles ont comparu. En traitement médical à Bordeaux (sud-ouest de la France) depuis janvier, selon ses conseils, le marabout avait été jugé en son absence.
Lundi, la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Mbour, à 80 km au sud-est de Dakar, l’avait condamné à 10 ans de travaux forcés pour « complicité de meurtre » et « non-dénonciation de crime ».
Cheikh Bethio Thioune, influent responsable mouride, une des plus puissantes confréries de l’islam au Sénégal, avait été arrêté le 23 avril 2012 à la suite de la mort de deux de ses disciples lors d’une rixe. Il avait ensuite bénéficié d’une liberté provisoire en février 2013.
Il clamait son innocence et entendait se défendre devant la justice de son pays dès que son état de santé le permettrait, selon ses avocats.
Son chambellan, Cheikh Faye, a également été condamné à 10 ans de travaux forcés pour complicité de meurtre et association de malfaiteurs. Dix autres prévenus ont été condamnés pour meurtre à 15 ans de travaux forcés et deux autres à huit ans pour complicité. Le tribunal avait prononcé trois acquittements.
Administrateur civil de formation, il était un des guides religieux sénégalais les plus populaires dans le pays et en Afrique de l’Ouest, en Europe et aux Etats-Unis, où il comptait de nombreux fidèles. Il avait officiellement sept femmes et 29 enfants.
Selon le récit des avocats pendant les débats, il avait interdit à l’une des victimes l’accès à son domicile, lui reprochant une dévotion excessive à son égard – elle le comparait même à Dieu, et des « insultes » envers son propre père spirituel.
L’homme avait bravé l’interdiction et des fidèles s’en étaient pris à lui, le tuant avec l’un de ses compagnons.