Cocktail de la Fabuleuse : L’amour dans la jungle

Elle l’aimait.

Ils sont dangereux eux lui disait sa grand-mère. Nous sommes des prédatrices ne l’oublie pas ma petite. Cette espèce est à éviter. Absolument. Ne t’y aventure pas.
Elle ouvrit légèrement ses yeux. Elle était couchée à ses côtés, il la tenait dans les bras pendant qu’elle avait un pied sur lui de sorte que sa fente s’écartait directement sur son pillar. Il respirait fort dans sa tempe et elle put remarquer que même au réveil il avait bonne haleine.

Elle se demandait comment elle avait pu se retrouver là avec lui après tout ce qui s’était passé. Elle referma les yeux et revécu l’aventure du mieux qu’elle put se l’expliquer. Elle le voulait. Elle l’aimait. Depuis le premier jour. La première nuit.
Il avait suffi d’un regard et elle perdit contrôle de ses sens oubliant les précieux conseils de sa grand-mère.

Ce jour la, dans toute l’assemblée de la jungle entre mille, elle n’avait d’yeux que pour lui. Tout son souffle ne dépendait que de sa présence. Elle sortait rarement de ses logis et l’on murmurait toujours dans son dos, à son passage mais elle ne s’en préoccupait pas. Elle était habituée que l’on parla d’elle. Elle était ci. Elle était cela. La légende se fabriquait lui causant préjudice pourrissant sa réputation. Alors à chaque fois que l’amour lui vint entrant dans sa vie il fut aussitôt détruit par les « On dit ». Elle ne s’en préoccupait plus. D’eux. De ces misérables racontars. Menant sa vie à elle. Le grand classique. Le grand rire. L’air baladeur. Le chic provoquant quoiqu’imposante. Il ne lui suffisait pas d’être heureuse mais encore faudrait-il que cela emmerde les autres.

De cette nuit là, naquit leur amour et au clair de lune ils dansèrent. Tous les deux. L’un dans l’autre. Au bord du lac ils firent leur confidence et le monde s’arrêta pendant huit jours. Il n’y eut qu’eux sur la terre dans cet univers. Le ciel en fut témoin. C’était beau. Ce fut la folie.

Et puis un jour tout s’arrêta. Il ne la voulut plus. Il la détesta. Il lui en voulut.
Il l’abandonna. Elle en fut bouleversée mais elle savait qu’il reviendrait.
Peut-être en rêves et cela suffisait.
Tu es bien trop important pour te mêler à elle l’on lui disait. Elle ne te mérite pas. Tu ne la connais pas. Penses-tu comme les gens t’abandonneraient? Tu en perdrais ton trône! Son trône?
Ah! Il ne faudrait même pas parler de son trône car il ne vivait que pour cela.
Le perdre? Pour elle? Oh non jamais!
Qu’a-t-elle fait au juste leur demanda t-il

• Elle fait trop de grimaces, répondit le singe en sautillant d’une branche à une autre
• Elle ne sent même pas bon, renchérit l’hyène la mangeuse des restes
• Elle a de trop grandes dents, cria le crocodile essayant de cacher ses propres dents.
• Elle a de trop gros yeux, dit le hibou en roulant ses larges yeux ronds d’un côté à un autre
• Bah elle est juste trop vilaine, cria de loin le chimpanzé
• Trop malicieuse trancha le serpent.
  Le lion se rendit compte que tous venaient de citer leurs propres défauts.
  Joli. Se dit-il.
  Je connais son défaut, se dit-il en souriant.
  La panthère. L’indomptable, la solitaire de la jungle s’arrêtait superbe sur ses grosses jambes. A peine regardait-elle les autres qu’elle n’en faisait qu’a sa tête. Impressionnante, tous la craignaient un peu lui soupçonnant un brin de folie. Et justement C cette folie qui faisait vibrer ce male. Le lion, le roi des animaux. Fort. Très fort. Prestigieux. Majestueux. Cruel mais surtout loyal. Cela était fascinant.
  Il était revenu pour elle. Rien que pour elle. Lui rétablir son honneur. Comment une seule puisse faire l’objet d’une telle cacophonie. Il comprit qu’elle dérangeait. Il appréciait cela. Tous avaient essayé de le décourager. De l’en dissuader mais lui il ne pouvait continuer sans la revoir. Sans en savoir plus. Par envie. Par jalousie. Il n’avait que faire de leurs petites opinions.
• 
  Il était avec la femme amour. Cette démente qui aime de cet amour inconditionnel. Cette femme intraitable qui vivait de ce qu’il respirait. Qui l’aimait simplement sans rien imposer en retour.
  Elle marcha presque en courant vers l’homme qui l’attendait. Elle n’avait plus peur de l’amour. Il était là enfin l’homme de sa vie. 40 ans d’attente comme une traversée du désert. Toute sa jeunesse à le deviner. Toute une vie vide de sens sans lui. Et croire qu’il put être enfin là.
  A cet aéroport. La terre un instant s’arrêta et plus personne ne bougea. Le ciel s’ouvrit. Un pas. Un autre. Elle était dans ses bras. Il la tenait. Leurs souffles se mélangèrent. Délicatement, il prit son visage dans ses mains et l’embrassa. Longuement.
• Ton mari est là.
• Comme j’ai attendu ce moment lui disait-il? Elle savait. Personne d’autre n’existait.
  L’homme lion et la femme panthère.
  Ils s’aimaient.
  Ils s’admiraient.
  Ils se respectaient avec ce brin compétitif, ils se provoquaient juste pour savoir jusqu’ou iraient les sarcasmes.
  Ils riaient.
  Pouffaient plutôt.
  Demain?
  Aujourd’hui surtout.
  Demain s’occupera du lendemain.
  Ils sont heureux pour aujourd’hui.
  Le temps s’occupera du temps.
  La vie est belle Dieu est réelle.

Always LaFabuleuse, Artiste Auteure, paru dans le Diasporas-News n°105 d’Avril 2019