Le gouvernement gabonais a demandé à la justice d’agir contre des opposants accusés d’être impliqués « dans des actes de déstabilisation » du pays, a-t-on appris samedi de source officielle.
Le gouvernement « invite (…) les autorités judiciaires et notamment le parquet de la République à prendre toute la mesure de la situation en engageant l’action publique contre toute personne impliquée dans des actes de déstabilisation du pays », a affirmé vendredi Lambert Noël Matha, ministre de l’Intérieur, dans une déclaration parvenue samedi à l’AFP.
Le ministre s’en prend tout particulièrement à 10 personnalités du monde politique, syndical et de la société civile, signataires fin février d’un « appel à agir » pour exiger que soit reconnue « la vacance du pouvoir », à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC) dont a été victime le président Ali Bongo Ondimba le 24 octobre 2018 à Ryad.
Jeudi, ils ont saisi la justice en référé « afin que soit ordonnée une expertise médicale sur Ali Bongo » qui devra déterminer s’il peut continuer à exercer ses fonctions.
Si ce n’était pas le cas, ces opposants estiment que « la vacance du pouvoir » devrait être déclarée, déclenchant, conformément à la Constitution, l’organisation d’une élection présidentielle.
Absent du Gabon de manière quasi ininterrompue depuis cinq mois, le président Bongo, 60 ans, est rentré définitivement à Libreville il y a une semaine et a présidé un Conseil des ministres vendredi.
Marchant à l’aide d’une canne, le chef de l’Etat, hormis quelques mots à son arrivée à Libreville le 23 mars, ne s’est plus adressé à la nation depuis un bref discours de fin d’année, enregistré à Rabat, lieu de sa convalescence, diffusé le 31 décembre.
« Un groupuscule de compatriotes a lancé depuis le 28 février +un appel à agir+ visant à déstabiliser les institutions au motif d’une vacance du pouvoir alors que, comme chacun a pu le constater », le président Bongo, « revenu de sa convalescence, exerce ses fonctions de manière effective comme l’exigent les devoirs de sa charge », selon M. Matha.
Les signataires de « l’appel à agir » ont indiqué dans un communiqué que « le code de procédure pénal laisse au seul procureur de la République l’opportunité des poursuites ».
Ils ont dénoncé « une escalade dans laquelle certaines personnalités de ce pouvoir (…) veulent entraîner le Gabon qu’ils on pris en otage depuis le 24 octobre 2018 ».