mardi, novembre 26, 2024
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Inauguration du pont de la Sénégambie, attendu depuis des décennies

Les présidents sénégalais Macky Sall et gambien Adama Barrow ont inauguré lundi le « pont de la Sénégambie », qui favorisera les échanges en Afrique de l’Ouest et dont l’achèvement après des décennies d’atermoiements symbolise l’entente retrouvée entre les deux pays.

Date hautement symbolique, cette inauguration intervient deux ans jour pour jour après le départ en exil de Yahya Jammeh, qui dirigea pendant plus de 22 ans d’une main de fer la Gambie, petit pays anglophone enclavé dans le Sénégal, à l’exception d’une étroite façade côtière prisée des touristes.

Le pont, un élégant ouvrage de béton clair de plus d’un kilomètre situé en territoire gambien, enjambe le fleuve Gambie, à une dizaine de kilomètres du poste frontière de Farafenni, que les deux présidents, tous deux vêtus d’un boubou blanc, ont symboliquement emprunté lundi, debout dans la même limousine à toit ouvrant.

« Etant donné la géographie de la Gambie et du Sénégal, avec un fleuve coupant chacun des deux pays en deux parties, on se demande pourquoi il a fallu tant de temps pour avoir ce pont », s’est interrogé M. Barrow, lors d’une cérémonie au pied du nouvel ouvrage, dont la construction avait débuté en 2015, sous Yahya Jammeh.

« Nous pouvons être fiers d’avoir transformé en réalité ce rêve de plusieurs générations », a abondé M. Sall, alors le projet de pont, évoqué depuis les années 1970, a connu des fluctuations au gré de l’évolution des rapports entre Dakar et Banjul.

Le territoire gambien est un passage quasi obligé pour qui veut se rendre du nord du Sénégal à sa région sud, la Casamance, à moins d’effectuer un fastidieux détour de quelque 400 kilomètres.

Mais la route transgambienne, passant à une centaine de kilomètres à l’est de la capitale, Banjul, était jusqu’ici interrompue à mi-chemin par le fleuve, obligeant les véhicules à emprunter un bac, source de « tracasseries » et de nombreux retards, selon les voyageurs et les transporteurs sénégalais.

Le pont « va faciliter l’interconnexion des réseaux routiers, réduire les temps de trajet et contribuer à l’intégration de la sous-région », a souligné le président sénégalais.

« Le pont appartient aux Gambiens », a-t-il souligné, alors qu’en Gambie, certains habitants ont souvent soupçonné le Sénégal de vouloir absorber leur pays.

« Une circulation facile des biens et des services plus rapides sont dorénavant garantis », s’est réjoui Adama Barrow.

– Désenclavement de la Casamance –

Dès la fin de la cérémonie, les premières voitures ont emprunté le pont, au milieu de badauds se prenant en photo, ont rapporté des journalistes de l’AFP.

Payant et ouvert de 07H00 à 19H00, il est accessible dans un premier temps aux véhicules légers (voitures, cars de moins de 35 places,…) et à partir de juillet aux véhicules lourds, camions notamment.

Il permettra le désenclavement de la Casamance, région touristique et agricole dont le développement a été freiné par son isolement géographique du reste du Sénégal et par une rébellion indépendantiste vieille de plus de 35 ans, aujourd’hui en sommeil.

« Il s’agit d’un lien économique et stratégique vital pour connecter les deux rives du fleuve Gambie, ainsi que la Gambie, le Sénégal et d’autres pays de la sous-région », selon la présidence gambienne.

L’ouverture de ce pont illustre le spectaculaire réchauffement des relations entre les deux pays, longtemps marquées par des différends sur le transport, la pêche et les frontières, bien que leurs habitants aient en commun des langues, des origines ethniques et entretiennent de nombreux liens professionnels, familiaux ou commerciaux.

Ce rapprochement s’est opéré lors de l’accession au pouvoir de M. Barrow en janvier 2017, le Sénégal ayant été à la pointe des pressions diplomatiques et surtout militaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour contraindre Yahya Jammeh à reconnaître sa défaite à l’élection présidentielle de décembre 2016.

La sécurité du pays est toujours assurée par la force de la Cédéao, composée essentiellement de militaires sénégalais, dont le mandat a été prolongé à plusieurs reprises.

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