vendredi, novembre 22, 2024
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La France, pays de repli pour les demandeurs d’asile

La France s’affirme comme le deuxième pays de demande d’asile en Europe, derrière l’Allemagne, avec une hausse de 22% des dossiers enregistrés l’an dernier sur le territoire français, où se replient de plus en plus de personnes déboutées dans les Etats voisins.

Un total de 122.743 demandes d’asile ont été enregistrées en 2018 par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), dont 113.322 premières demandes (le reste vient des réexamens), selon les statistiques de l’immigration publiées mardi par le ministère français de l’Intérieur.

Au total l’asile a été accordé à 36% des demandeurs environ en tenant compte de la Cour d’appel (CNDA), un niveau comparable à celui de l’année précédente.

Après avoir franchi la barre des 100.000 en 2017, la demande d’asile a donc enregistré une accélération l’an dernier. On reste loin du million d’arrivées en Allemagne entre 2016 et 2017.

Malgré tout, et même si les chiffres définitifs pour les autres Etats n’ont pas encore été publiés, la France est en train de devenir « le deuxième pays de demande d’asile en Europe », a-t-on rappelé à la Direction générale des étrangers en France (DGEF).

L’Italie a enregistré 54.000 dossiers en 2018 (contre 130.000 en 2017) selon le ministère italien de l’Intérieur. En Allemagne, 174.000 demandes ont été enregistrées sur les onze premiers mois, selon l’office des réfugiés (Bamf), en baisse là aussi.

En France en revanche la tendance augmente, du fait notamment des « flux secondaires », a-t-on expliqué à la DGEF. Il s’agit de personnes déjà enregistrées dans un autre pays – Italie, Allemagne ou Espagne surtout – et qui doivent, au titre de la procédure Dublin, se charger de leur dossier. S’ils n’ont pas été renvoyés vers ce pays, ils pourront déposer une demande en France après avoir patienté entre six et dix-huit mois.

Quelque 35.000 demandeurs « dublinés » étaient ainsi enregistrés en préfecture l’an dernier (pas encore comptabilisés à l’Ofpra). La moitié avait déjà été déboutée par un autre pays, selon la DGEF.

– Hausse de 9,9% des reconduites –

Parmi eux, de nombreux Afghans, venus d’Allemagne notamment où ils ont moitié moins de chances d’obtenir l’asile: l’Afghanistan est redevenu l’an dernier le premier pays d’origine des demandeurs en France, avec 9.462 dossiers (+58%).

Mais la demande d’asile se distingue aussi par des flux « dynamiques » en provenance de pays voisins de l’Union européenne, où les risques sont estimés faibles, comme l’Albanie (5.763 dossiers, en baisse de 23%) et la Géorgie dont la demande a quasi-quadruplé l’an dernier, à 4.776 dossiers.

Pour ces deux pays, l’Intérieur a souligné le lien avec la libéralisation du régime de visas, et des mesures ont été initiées pour contrer les départs d’Albanie notamment.

Enfin, la France reçoit beaucoup de demandes de ressortissants de pays d’Afrique de l’Ouest francophone, tels que la Guinée (2e du tableau avec une hausse de 63%) ou la Côte d’Ivoire (5e avec 4.677 dossiers), arrivés par la Méditerranée.

Sur les sujets d’asile et d’immigration, le gouvernement français a fait voter une loi visant à accélérer le traitement des demandes et durcir les reconduites.

Pour les « dublinés », les pouvoirs publics s’efforcent d’augmenter les transferts vers le pays d’enregistrement, qui ont certes doublé en un an; mais le taux global reste à 12% seulement (contre 22% en moyenne en Europe).

Les autorités françaises cherchent aussi à augmenter les expulsions, et les statistiques de l’immigration font apparaître une hausse de 9,9% des reconduites d’étrangers en situation irrégulière l’an dernier, au « plus haut niveau depuis le début de la décennie ».

Autre piste de plus en plus explorée, « les éloignements aidés ont quasiment doublé », a-t-on précisé à la DGEF.

Des mesures qui inquiètent les défenseurs des étrangers: pour la Cimade, association française d’aide aux migrants, ces chiffres « confirment l’attachement de la Place Beauvau (ministère de l’Intérieur, NDLR) à une politique chiffrée en matière d’enfermement et d’expulsion ».

Par ailleurs, la France a accordé l’an dernier 255.550 titres de séjour, en hausse de 3,3%. L’immigration économique a été la plus dynamique (+19,5%).

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