Des manifestations ont éclaté lundi dans les deux principales villes du Zimbabwe, la capitale Harare et Bulawayo (sud) pour protester contre la forte hausse des prix de l’essence décrétée par le gouvernement, sur fond de grave crise économique.
Le président Emmerson Mnangagwa a annoncé samedi soir le doublement des prix des carburants pour tenter d’enrayer sa plus grave pénurie de pétrole dans le pays depuis dix ans.
Cette mesure a suscité de vives protestations dans tout le pays et la principale centrale syndicale du pays appelé la population à une grève de trois jours.
Des barricades ont été érigées lundi matin dans plusieurs quartiers de Harare, ont rapporté des témoins à l’AFP.
« C’est très tendu depuis ce matin » dans le quartier de Epworth, a déclaré un de ses habitants, Nhamo Tembo. « Les routes sont barrées par de grosses pierres et des gens en colère empêchent les bus de passer. Les gens sont coincés ».
A Bulawayo, des manifestants bloquaient également la circulation vers le centre-ville avec des barrages de pierres et de pneus enflammés, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Nous voulons faire savoir à Mnangagwa que nous sommes mécontents de ses échecs », a expliqué Mthandazo Moyo, 22 ans, « Mugabe était mauvais mais au moins il écoutait ».
L’économie du Zimbabwe est sortie exsangue du règne autoritaire de trente-sept ans de Robert Mugabe, contraint à la démission fin 2017 par un coup de force de l’armée.
Son successeur Emmerson Mnangagwa promet depuis de relancer l’économie, jusque-là sans résultat.
Le pays souffre notamment d’un manque criant de liquidités en dollars américains. Pour y remédier, le gouvernement avait introduit en 2016 des « bonds notes », des sortes d’obligations d’une même valeur que les billets verts.
Mais, faute de la confiance des opérateurs, leur valeur a baissé et l’opération a échoué. Au marché noir, ils s’échangent actuellement à un taux d’environ trois pour un dollar.
Victimes de l’inflation, de la dépréciation des « bond notes » et des pénuries, les médecins et les enseignants se sont mis en grève ces dernières semaines, notamment pour exiger le paiement de leurs salaires en dollars américains.
Confronté à cette agitation sociale, le gouvernement a dénoncé lundi un « plan délibéré visant à saper l’ordre constitutionnel » et assuré qu’il « répondra de façon approprié (…) à ceux qui conspirent pour saboter la paix ».