Une cagnotte de soutien à l’ancien boxeur Christophe Dettinger, soupçonné d’avoir agressé deux gendarmes à Paris lors de la manifestation samedi des « gilets jaunes », connaissait mardi matin un vif succès, suscitant des critiques du gouvernement et de syndicats policiers.
Cette cagnotte, qui se présente comme « officielle » et mise en ligne sur la plateforme Leetchi, rassemblait plus de 117.000 euros mardi matin vers 08H30, une somme destinée à soutenir Christophe Dettinger, qui s’est rendu à la police lundi matin.
L’ancien champion de boxe est soupçonné d’avoir porté des coups à deux gendarmes sur une passerelle à Paris, samedi, lors de « l’acte VIII » des « gilets jaunes ».
Dans une vidéo postée sur internet avant de se rendre, il a admis avoir « mal réagi » mais s’être « défendu » face aux violences policières.
Dans la matinée, le nombre de donateurs continuait à grimper de façon exponentielle (environ 7.000 dons vers 08H30, près de 7.500 à 10H45), mais le montant récolté n’était plus visible.
« Suite à l’engouement et aux pressions médiatiques, et afin de préserver la famille de Christophe, nous avons décidé de ne plus afficher le montant total », a indiqué l’organisateur de la cagnotte sur la page de présentation de celle-ci.
Interrogée mardi matin sur franceinfo, la ministre des Transports Elisabeth Borne a estimé que le succès de cette cagnotte était « choquant ».
« Est-ce que c’est normal de vouloir apporter un soutien à ce monsieur qu’on a vu frapper un policier à terre, qu’on a vu boxer un policier? », s’est-elle indignée. « Je pense qu’il faut aussi que chacun reprenne un peu ses repères », a-t-elle ajouté.
« Apparemment, ça rapporte de frapper un policier. Quand l’attrait de l’argent vient s’ajouter à la haine et à la violence, je n’ai que du dégoût », avait également protesté lundi après-midi sur Twitter le secrétaire d’Etat chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi. « Tout le monde doit être responsable: cette cagnotte est indigne. »
Le principe comme le montant atteint par cette cagnotte ont suscité l’inquiétude et la réprobation de syndicats policiers.
Cela « démontre qu’une frange de la population légitime les violences des casseurs », déplore le syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI-CFDT). Celui-ci propose que « la totalité de la cagnotte soit remise aux deux gendarmes frappés samedi ».
Contactée par l’AFP, Leetchi n’a pas répondu dans l’immédiat.
Mais elle a répondu sur Twitter à des internautes qui l’interpellaient et critiquaient l’initiative, soulignant qu’en tant que « plateforme », elle se devait de rester « neutre ».
« Nous n’avons pas à juger le contenu tant que celui-ci est conforme à la loi, ce qui est le cas ici », a notamment répondu Leetchi.
Cette cagnotte « n’est en aucun cas une +récompense+ et nous allons nous assurer qu’elle ne serve qu’aux frais d’avocats, comme prévu par l’organisateur », a également indiqué sur Twitter l’hébergeur de la cagnotte.