L’avocat camerounais Akere Muna, qui avait retiré sa candidature à la présidentielle au profit de l’opposant Maurice Kamto, a été condamné à trois ans de prison avec sursis pour « faux et usage de faux », au lendemain de la proclamation des résultats du scrutin, selon une décision de justice obtenue mercredi.
Un tribunal de Yaoundé a jugé mardi M. Akere Muna coupable de « dissimulation de procédures » et « faux et usage de faux » dans le cadre d’une affaire de gestion de l’héritage familial, selon la décision.
Le tribunal de Yaoundé-centre administratif l’a condamné « à trois ans de prison avec sursis pendant cinq ans », selon la décision de cette juridiction.
M. Muna est aussi condamné à payer 10 millions de FCFA (15.000 euros) de dommages et intérêts, une amende et des frais de justice d’1,5 million de FCFA (2.200 euros).
Ce jugement n’est pas définitif. Il peut faire l’objet d’un appel puis d’un examen par la Cour suprême si la Cour d’appel a confirmé la décision.
Akere Muna est connu pour son implication dans la lutte anti-corruption. Ancien bâtonnier du Cameroun, il a été vice-président de l’ONG internationale Transparency International et a fondé son antenne camerounaise.
Le jugement a été prononcé à la suite d’une plainte d’une ex-ministre, Ama Tutu Muna, soeur cadette d’Akere Muna, qui conteste la gestion par celui-ci de l’héritage familial.
La plaignante estime que son aîné s’est arrogé le droit de gérer les biens familiaux alors qu’elle n’a jamais eu connaissance d’un jugement d’hérédité établi après la mort de leur père, Salomon Tandeng Muna, ancien Premier ministre camerounais.
Les avocats de M. Muna ont toujours clamé le contraire.
Cette décision intervient après la proclamation lundi par le Conseil constitutionnel des résultats de la présidentielle, donnant Paul Biya, 85 ans, vainqueur avec 71,28% des suffrages exprimés.
Candidat à la présidentielle du 7 octobre, Akere Muna avait retiré sa candidature pour soutenir Maurice Kamto, classé deuxième avec 14,23% des voix.
M. Kamto revendique la victoire, estimant que les résultats ont été falsifiés au profit de M. Biya, au pouvoir depuis 1982.