La cavale du roi de l’évasion aura duré trois mois: le braqueur Redoine Faïd a été arrêté dans la nuit de mardi à mercredi à Creil (Oise), la ville où il a grandi.
Il a été interpellé vers 4H00, sans incidents selon les autorités, dans un grand appartement situé au quatrième étage d’un petit immeuble du quartier HLM du Moulin.
Six autres personnes ont également été arrêtées, dont quatre avec lui dans l’appartement, où deux armes de poing ont été retrouvées: l’un de ses frères, Rachid Faïd, deux de ses neveux et la « logeuse », selon des sources policières. Deux autres complices ont été interpellés en région parisienne, selon les même sources.
« L’interpellation de Redoine Faïd montre, encore une fois, le professionnalisme de la police nationale », s’est réjoui sur Twitter le Premier ministre Édouard Philippe en félicitant les policiers pour « le minutieux travail mené depuis trois mois » et « cette arrestation menée sans le moindre heurt ».
« Les fonctionnaires de la PJ ont démontré leur engagement, leur pugnacité et leur détermination à faire respecter la loi de la République. Ils ont mon admiration », a tweeté le ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérard Collomb.
La garde des Sceaux Nicole Belloubet s’est dit sur Europe 1 « très heureuse que les choses se soient passées » sans incidents.
Redoine Faïd avait été condamné en avril à 25 ans de prison pour son rôle d' »organisateur » dans un braquage raté en 2010, qui avait coûté la vie à une policière municipale. « Habitué à la cavale », il était selon la police judiciaire un « individu dangereux ».
L’arrestation a été menée par la Brigade de recherches et d’intervention (BRI) et l’Office central de lutte contre le crime organisé.
Depuis le seuil de l’appartement visé, et dont la porte était ouverte, on pouvait voir des gants de la police scientifique et des meubles et vêtements éparpillés sur le sol, a constaté une journaliste de l’AFP.
Vers 3H00 du matin, « j’ai entendu du boucan », a raconté à l’AFP Alliou Diallo, un habitant du rez-de-chaussée. « J’ai vu une centaine de policiers cagoulés. J’ai compris que c’était Redoine qu’ils cherchaient. Ils sont restés jusqu’à 6h30. Le quartier a toujours été très calme. J’ai jamais pensé qu’il pouvait être là ».
– « Dysfonctionnements » –
Farah Ziane, dont le grand-père habite lui aussi au rez de chaussée, montre le verrou cassé, des sacs et des cartons renversés dans un petit appartement. « Les policiers se sont trompés d’appartement. Ils ont cassé la porte de mon grand-père qui a 86 ans, c’est honteux! Il est très choqué », dit-elle. A côté d’elle, le vieux monsieur semble complètement perdu.
Le 1er juillet, en quelques minutes, Redoine Faïd s’était évadé du centre pénitentiaire de Réau, près de Melun, aidé par un commando armé qui avait auparavant pris en otage un pilote d’hélicoptère.
Le 5 septembre, des perquisitions avaient été menées, notamment dans l’Oise, ciblant des proches de Redoine Faïd.
Le 10 juillet, les enquêteurs avaient mis la main au nord de Paris sur un sac contenant notamment des armes, des cagoules et une disqueuse qu’ils soupçonnent d’avoir appartenu au commando.
Une semaine auparavant, le dernier véhicule connu à bord duquel le fuyard pourrait avoir pris place avait retrouvé dans le nord de la région parisienne.
Puis le 24 juillet, le fugitif de 46 ans avait échappé de peu aux forces de l’ordre, dans le Val-d’Oise, après une course-poursuite avec des gendarmes achevée dans le parking d’un centre commercial de Sarcelles.
Sous le feu des critiques de l’opposition, Nicole Belloubet avait reconnu fin juillet « une série de dysfonctionnements » à la prison de Réau.
Des filins seront installés au-dessus de la cour d’honneur, où s’était posé l’hélicoptère, entre autres adaptations.
Faïd s’était déjà évadé le 13 avril 2013 de la prison de Lille-Sequedin, en prenant quatre surveillants en otages. Il avait été repris six semaines plus tard en région parisienne.