L’armée française a arrêté à Ménaka, dans le nord-est du Mali, une dizaine de combattants de l’ex-rébellion à dominante touareg soupçonnés de collusion avec des jihadistes, au cours d’une opération qui a mobilisé jeudi 120 parachutistes, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
« Les parachutistes français ont arrêté jeudi à Ménaka, dans le quartier général de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion), huit combattants soupçonnés d’être des infiltrés des jihadistes dans le mouvement », a déclaré à l’AFP une source de sécurité malienne.
« On sait qu’il y a une aile jihadiste au sein de la CMA. Tout le monde le sait. Les huit personnes arrêtées sont soupçonnées de faire partie de cette aile », a expliqué un élu de Ménaka sous le couvert de l’anonymat.
« Je crois que les Français avaient des informations précises sur le sujet. Des armes et des munitions ont été également saisies », a-t-il affirmé.
Un dirigeant de la CMA, Almou Ag Mohamed, a dénoncé sur sa page Facebook « l’aveu d’impuissance de la force Barkhane face aux GAT (groupes armés terroristes) dans cette région », citant les noms de neuf « éléments de la CMA » arrêtés. Leurs armes ont été saisies, ainsi qu’un véhicule, tandis qu’un autre a été endommagé, a-t-il ajouté.
Dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l’ONU en août, un groupe d’experts accuse des membres de groupes signataires de l’accord de paix de 2015, censé isoler les jihadistes, d’être « impliqués dans des activités terroristes », notamment des attaques contre l’armée malienne.
Devant le Conseil de sécurité le 30 août, la France a évoqué des « responsables intermédiaires de groupes armés qui, sur le terrain, nuisent volontairement à la mise en oeuvre de l’accord par leurs liens avérés avec des activités criminelles ou terroristes », proposant leur « désignation au titre du régime de sanctions ».
L’armée française a largué jeudi matin 120 parachutistes dans la région de Ménaka, où ils ont rejoint au sol une compagnie de Barkhane et des troupes maliennes, selon le porte-parole de l’état-major, le colonel Patrik Steiger.
« On combine différentes capacités pour créer un effet de surprise chez les groupes armés terroristes et pour montrer à la population qu’on est capable de venir rapidement », avait expliqué le porte-parole.
Quelque 200 personnes, dont de nombreux civils, appartenant surtout aux communautés peul et touareg, ont péri depuis le début de l’année dans cette région proche de la frontière nigérienne où s’affrontent notamment des jihadistes ayant prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI) et deux groupes principalement touareg soutenant Barkhane et l’armée malienne.